Une étoile noire et rare : Kat Von D ensorcelle l’Alhambra – un écrin gothique pour une pop ténébreuse (Paris , 16.06.2025)

Il y a-t-il une chose que Kat Von D ne sait pas faire ? Depuis plus de 15 ans, Katherine Von Drachenberg excelle dans tout ce qu’elle entreprend. Celle qui est devenue l’icône rock et goth pour toute une génération a œuvré d’un travail acharné et d’une passion sans faille pour laisser derrière elle un héritage conséquent marqué par un impact sans précédent sur la pop culture rock. Kat Von D réunit à conjuguer ses passions et à en faire un véritable business lucratif servant à produire ses projets de cœur. L’ancienne propriétaire du salon de tatouage High Voltage et fondatrice de la marque de cosmétique vegan KVD Beauty a clôt un chapitre de sa vie et de sa carrière pour se consacrer à son premier amour, la musique.

Après avoir côtoyé et tatoué les plus grandes légendes du rock et du metal (Lemmy
Kilmister, Jerry Only, Billie Joe Armstrong, Nikki Sixx, Dave Grohl, Frank Iero pour ne citer qu’eux) il était enfin temps pour Kat Von D de s’exprimer en musique et de briller en son nom propre. L’admiration de Kat pour Beethoven est bien connue et remonte à son enfance quand sa grand-mère maternelle, une pianiste allemande professionnelle, l’encourage à pratiquer cet instrument et à découvrir les joyaux de la musique classique. De cet enseignement, Kat en tire une grande rigueur, une précision et un souci du détail que l’on retrouvera dans tous ses projets à succès.

Après avoir encré la peau d’innombrables âmes, c’est véritablement à travers le piano que Kat grave ses premières ébauches musicales. Ce rapport presque sacré à la musique, longtemps éclipsé par sa célébrité et ses multiples projets, n’a jamais disparu. Celle qui s’est imposé en tant que business woman chevronnée et redoutable à l’imagination débordante semble réellement se révéler et s’épanouir que depuis qu’elle s’est défait de ses fonctions pour se consacrer à la musique et à son mari. C’est en effet accompagnée de son mari Leafar Seyer de PRAYERS que Kat Von D a sillonné l’Europe pour y défendre son dernier album My Side of the Mountain paru en septembre 2024. Inspiré par le roman My Side of the Mountain de Jean Craighead George (1959) ce deuxième opus mêle alternative pop porté par des textures dark wave, goth, new wave, post-punk et synthwave à la fois en anglais et en espagnol avec “Por Ti », une ballade envoûtante tirée de son héritage latin.

Il est 20h quand l’antre intimiste de l’Alhambra se plonge dans le noir pour y accueillir
PRAYERS accompagnée de deux hommes tatoués au physique imposant brandissant des
machettes. Et pour cause, Leafar Seyers a grandi à San Diego (Californie) dans un
environnement marqué par la culture cholo (une sous-culture latino-américaine issue des
quartiers populaires et des gangs). Il rejoint un gang dans sa jeunesse pour sauver la vie de son père avant de s’en éloigner et de se tourner vers l’art et la musique. Il raconte ce soir que cette expérience l’a profondément marqué, mais que la musique et la
création artistique lui ont permis de se réinventer. C’est ce qu’est PRAYERS, un mélange
d’imagerie gothique et de références à son vécu dans la rue et la culture chicana.
PRAYERS est sincère et délivre tout en énergie, n’hésitant pas à improviser et à être porté par son ressenti pour ne pas à jouer la même chose chaque soir. Des anciens titres sont
performés pour le plus grand plaisir des fans de l’artiste visiblement heureux et émus.
PRAYERS ne manquera pas de remercier le public ainsi que ses proches présents dans la
salle ce soir, notamment son frère, Carlos Reyes. Séquence émotion dès lors que
PRAYERS entonne “Perfect for You” dédié à sa femme, Kat Von D pour qui il chante face à un écran projetant des photos de Kat.

L’ ambassadrice de la dark pop

21h15 et c’est enfin l’heure pour Kat Von D d’investir l’Alhambra face à un public impatient, attentif et dévoué. “With You” ouvre les hostilités et nous voilà plongés dans une vague sonore planante et envoûtante portée l’atmosphère éthérée. On enchaîne sans plus tarder avec “Vampire Love” et sa disco wave addictive. On est happé par un univers dense et vaporeux, fait de synthétiseurs analogiques et de guitares réverbères parfaitement maîtrisés par sa musicienne Sammi Doll. La voix de Kat est intense, puissante et maîtrisée teintée d’une certaine froideur contenue qui pourtant, révèle une sensibilité profonde. Kat est proche de ses fans (pour qui elle organise des meet
&greets avant le concert) et n’hésite pas à s’approcher du premier rang et à les saisir par la
main. En véritable muse, elle parcourt la scène de l’Alhambra tout en volupté et avec une
grande élégance. Un changement de tenue plus tard dévoilant sa longue chevelure noire
corbeau et un combinaison noire aux allures d’armures entament la deuxième partie de la
soirée avec “Intro” et “Exorcism” issus de son album Love Made Me Do It. Ce seront les
seuls titres de l’opus interprétés ce soir, l’accent étant bien évidemment mis sur My Side Of
The Mountain. Kat Von D passe un court instant derrière le clavier, on regrette ne pas l’avoir vue plus jouer du piano, l’atmosphère créée s’y prêtant parfaitement à une séquence au piano. Mais le temps ce soir était compté et la fin du set approche déjà. Dans un dernier
instant d’émotion et d’amour, Leafar Seyers rejoint Kat pour le rappel où “Dead” et “Black
Leather” de PRAYERS sont joués.

Bien que le set de Kat Von D soit assez court, on ne peut que saluer la performance
singulière et maîtrisée d’une artiste accomplie. Le lyrisme romantico-gothique empreint dans les paroles ou les accords laissent place à la mélancolie et à la rêverie parfaitement traduits sur scène en version live. My Side of the Mountain, marque une nouvelle étape dans l’émancipation artistique de l’ancienne icône du tatouage devenue musicienne. Plus qu’un simple exercice de style, ce disque s’impose comme une déclaration d’indépendance et un manifeste esthétique, profondément ancré dans la culture gothique et la nostalgie eighties. Si son premier album, Love Made Me Do It, avait posé les bases d’une dark pop assumée, My Side of the Mountain va plus loin, explorant les zones d’ombre de la psyché avec une sincérité désarmante. Kat Von D ne rend pas seulement hommage à ses inspirations (The Cure, Depeche Mode, Siouxsie and the Banshees) elle parvient à raviver la flamme et l’héritage de tout un pan culturel et d’un courant artistique singulier tout en faisant preuve de créativité et en puisant dans ses inspirations les ressources nécessaires pour y apporter un modernisme imparable.

Kat Von D confirme qu’elle est bien plus qu’une icône underground : une musicienne
sincère, animée par l’envie d’explorer les marges de la pop contemporaine. Il ne manque
plus que de la voir un jour performer avec une production plus ambitieuse dans une salle à
la capacité digne de son talent.

Ronnie Cysworth
Ronnie Cysworth
Passionnée par la photographie, les concerts et le cinéma, je suis prête à vous faire vivre ou revivre dans la joie et la bonne humeur les évènements auxquels on participe!

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