Interview – Maxime Beaulieu – Embryonic Cells

Retour au Hard Rock Café pour parler de « Decline », dernier album en date de Embryonic Cells, avec Maxime Beaulieu, chanteur et guitariste de la formation. L’album est déjà disponible via MusikOEye.

 

Chairyoursound: Bonjour Maxime, est ce que tu pourrais présenter Embryonic Cells et nous faire un peu l’historique du groupe? Ce que vous exister depuis quand même pas mal d’années.

Maxime: Pas mal de décennies. Embryonic Cells est un groupe qui se dirige tout doucement et sereinement vers un peu plus de 20 ans d’existence. Effectivement, on a sorti moult démos. On a sorti cinq albums. Il y a un an et demi, deux ans, on a sorti « Horizons », qui était abritée chez Apathia Records qui a fait l’objet d’une assez belle visibilité et d’une bonne dynamique. Et aujourd’hui, on réitère la sortie d’album avec un album qui s’intitule « Decline » et qui est abrité chez le label MusikOEye.

Chairyoursound: Est ce que tu pourrais nous parler de l’évolution entre l’album précédent « Horizons » et celui ci?

Maxime: Bien sûr, il y a deux. Il y a deux aspects qui me semble importants à préciser. Le premier aspect, c’est que sur « Horizons », il y avait un clavier qui était occupé par Pierre Le Pape. Il était important parce que ça faisait plus de 13 ans qu’il jouait dans Embryonic Cells. Il était très, très, très impliqué dans le processus créatif. Mais je ne sais pas si tu le sais Pierre Le Pape est une personne qui est très sollicité, il a beaucoup, beaucoup, beaucoup de groupes. Il a une activité professionnelle qui est très importante. Et en fait, son actualité, son fort taux d’occupation, de sollicitations dirais-je s’est conjugué avec mon projet personnel d’un changement de région. J’ai quitté ma Champagne-Ardenne pour aller dans le Vercors. Ça rendait les choses, sur le plan logistique, un peu compliquées. Donc, on a pris la décision d’un commun accord de se séparer. On a toujours un excellent rapport avec Pierre. On est très attentif, en tout cas, pour notre part, à ses sorties, à son parcours, son actualité. Toujours est il que s’est posé la question est ce qu’il y aura de nouveau du clavier sur le prochain? Et après, on a pris la décision que non. Ca, c’est un premier élément d’une évolution qui est assez forte dans l’histoire d’Embryonic Cells. On a un album qui est sans clavier. Voilà! Ce qui, comme j’ai tendance à voir des opportunités dans l’adversité, j’ai tendance à dire que cette absence de claviers nous a permis de faire un album avec un son un peu plus massif et peut être des compositions un peu plus hargneuses, un peu plus rentre dedans. Ça, c’est le premier point, le deuxième point de forte différenciation, ça a été l’évolution des chansons sur cet album. Il y a eu quelques chants clairs sur l’album précédent, qui était plutôt à titre d’expérimentations. Cet album fait clairement la part belle au chant clair, puisque le chant clair occupe à peu près 50 pour cent des morceaux. Donc ça, cest comme un signe d’évolution assez fort.

Chairyoursound: Et en arrivant à ce cinquième album, quel regard tu as sur les années précédentes du groupe, sur tout cet historique?

Maxime: Alors moi, en fait, la raison pour laquelle j’ai un groupe, c’est partager un truc romantique avec mes potes. C’est faire de la musique avec mes potes, c’est jammer avec mes potes. J’apprécie énormément les tournées et j’apprécie énormément l’expérience de studio. Mais moi, en fait, j’ai 40 balais, même vachement plus, et j’ai toujours ce plaisir intact de retrouver mes potes pour échanger des phéromones, échanger de la sueur en célébrant un putain de métal ensemble. C’est vraiment mon trip. Donc, en fait, toutes ces années passées avec Embryonic Cells, quelles que soient les époques, en fait, ça a toujours été sous le prisme de la passion, du plaisir, de l’hédonisme. Donc, en fait, je n’en retire que de la satisfaction et que de la nostalgie. Et en même temps, je suis hyper content parce que je ne suis pas un nostalgique prostré. En fait, on est un groupe très enthousiaste, hyper tourné vers l’avenir. Plein d’appétit.

Chairyoursound: Pour les premiers albums vous aviez des longues périodes entre deux albums. Vous aviez plus de 4 ans parfois. Et là, entre « Horizons » et « Decline »on tombe à deux ans entre ces deux albums. Est ce que c’était un choix? Ou alors, est ce l’album s’est fait plus rapidement?

Maxime: C’est vrai que quand on regarde la discographie d’Embryonic Cells, tu l’as mentionné très justement, parfois, il y a un nombre d’années qui est assez conséquent entre deux albums. Je pense que ce qui explique cet écart entre deux sorties, c’est peut être peut être lié au fait qu’on se posait peut être trop de questions. Est ce que c’est la bonne compo, que c’est le bon moment? C’est peut être lié au fait qu’on était un peu dans la posture du Penseur de Rodin. On se questionnait. En fait, tout ça, ça peut générer de la procrastination. Donc voilà, depuis les dynamiques de « Horizons » et puis, avec son nouvel album, décline on est dans une dans une totale autre posture. C’est à dire que on a décidé de ne pas perdre de temps, de se faire plaisir, de faire confiance à notre intuition, de nous poser moins de questions et de faire ce qu’on a envie de jouer. Au moment où on a envie de jouer, ce qui explique le fait qu’on a un écart beaucoup plus proche entre ces deux albums. Ce qui, à mon avis, est un nouveau rythme qui va s’instaurer pour le groupe dans les prochaines années.

Chairyoursound: Comment se sont passés l’écriture et l’enregistrement de « Decline »?

Maxime: En fait, je compose dans mon salon une espèce de riffothèque, un espèce de catalogue à riffavec un début de structure. Et cette structure, je la soumets à Joe et à Fred. Autour de cette première colonne vertébrale, eux, à la façon d’un tétris, ils procèdent à des ajustements, des agencements, des petites expériences, des choses comme ça. Et puis le morceau, on joue et on le joue. Et on le rejoue encore. On le rejoue encore avec des configurations de structures différentes. Il y a un moment, ce morceau se stabilise. Il arrive à maturité et le moment où on le juge tous les trois limpide, logique, cohérent, c’est le moment où on décide qu’il est définitif. C’est un processus créatif de co-construction qui est très horizontal.

Chairyoursound: Et donc, vous avez enregistré l’album au mois de juin, après la période de confinement. Qu’est ce que ça vous a fait de retourner enregistrer un album juste après cette période là où personne ne sortait? Est ce que ça vous a donné encore plus envie d’enregistrer cet album?

Maxime: Ouais. Le confinement, c’est le cas de beaucoup et en tout cas, ça a été pour moi et je pense pour Fred et Joe, ça a été vécu comme une période de bunkerisation. Netflix à la maison, le télétravail à la maison, le canapé comme lieu d’émancipation. Donc, c’est évident que dès que le confinement fut terminé, nous on qu’une envie, c’était de se retrouver. Et puis, on était doublement content parce qu’on se retrouvait autour d’une expérience créative forcément enrichissante, qui est forcément enthousiasmante. Donc, c’était une vraie fenêtre de plaisir, ce studio.

Chairyoursound: Quels thèmes vous avez décidé d’aborder dans ce cinquième album?

Maxime: Si tu veux « Decline » c’est pas vraiment un concept album, mais en même temps, il y a un fil rouge narratif qui est assez logique, c’est à dire que les morceaux entre eux sont articulés à travers une sorte de storytelling. En fait, « Decline » dont le nom n’est pas forcément très, très joyeux. Qu’est ce qu’il évoque? Il tente d’évoquer notre monde qui s’effondre de manière presque invisible. C’était dire qu’aujourd’hui, on assiste à une multiplicité des signaux d’alerte de nos écosystèmes qui nous disent « attention, il se passe un truc qui qui tourne, pas bien rond ». Et d’ailleurs, je pense que l’épidémie que nous traversons actuellement à l’échelle planétaire, en fait, c’est l’un de ces signaux et le bruit du tic tac devient de plus en plus énorme, de plus en plus prégnant « Decline » en fait, il dépeint un peu notre incapacité collective à agir, et à cultiver le déni, à ne pas orchestrer la conduite du changement. C’est une sorte de conte collapsologique qui prend pour théâtre l’effondrement.

Chairyoursound: D’accord. Alors, vous êtes passés sur le label MusikÖEye. Pourquoi avoir choisi ce label là? Et d’où est venue cette envie de changer de label pour un nouvel album?

Maxime: Dans un premier temps, on était chez Apathia Records. On était très, très heureux d’être chez eux parce qu’à titre personnel, je trouvais que c’était un label prestigieux. J’aimais beaucoup son label Manager, avec qui on avait une relation bienveillante, vraiment chouette, quoi. Le truc, c’est qu’on en fait. Il y a un climat économique qui est très, très compliqué et très chahuté, qui n’est pas propice aux labels et Apathia Records a fermé. Donc en fait, soudainement, toute l’écurie s’est retrouvée orphelins d’un label. Donc, voilà ce qui nous a pas empêchés d’entamer la composition d’un prochain album. Et puis, on a joué à Paris . On a rencontré le label manageur de MusikOEye, Gérôme Théodore et on s’est reconnu. En fait, on a matché. Il nous a fait une proposition qu’on a accepté parce que son label est un label à échelle humaine qui, à mon avis, correspond en fait au gabarit d’Embryonic Cells. Et ensuite, Gérôme et son équipe sont des gens qui mettent tous sous le prisme de la passion. Et ça, ça nous parle.

Chairyoursound: Est ce que vous aviez des projets prévus avec la sortie de cet album qui ont été retardés, annulés?

Maxime: Comme évoqué précédemment, l’ADN d’Embryonic Cells c’est jouer. En fait, c’est la scène, c’est établir le lien avec le public. Et puis, on a vraiment à cœur de jouer le plus possible pour défendre ces nouvelles compositions. On avait deux projets de tournée, un projet de tournée en Europe de l’Est et un projet de tournée française. Qui on été dans les circonstances que tu connais, qui ont été annulées, qui ont été paralysées, et avec lesquels on a aucune visibilité. Donc, pour nous, c’est triste, c’est un peu affligeant. Et puis, c’est surtout très, très frustrant, surtout quand on a un album que tu as envie de se défendre que tu as envie de montrer. Donc, voilà. Mais on fait avec. On est obligé de s’adapter. Actuellement, on est en train de jeter nos filets pour tenter de se produire sur scène vers fin 2021, voire 2022. C’est évidemment très, très frustrant.

Chairyoursound: Comment vous voyez la promotion d’un album dans cette période là de restrictions où on ne peut pas faire de concerts?

Maxime: En fait, la fenêtre de cette fin, cette saloperie de Covid. En fait, elle redistribue les cartes. Indéniablement. Et elle pose la question suivante aux groupes: comment ces groupes peuvent ils continuer à cultiver le lien avec leur public? C’est ça, la vraie question. Et puis surtout quand on ne peut pas jouer. On se pose la question d’organiser du live streaming ou des choses comme ça même si ça n’est pas dans notre culture. Ça peut être aussi l’opportunité d’expérimenter autre chose. Ça peut être une fenêtre, un temps où on aenvie d’expérimenter des trucs avec d’autres groupes, par exemple. Tu vois par exemple l’idée de faire une cover autour d’un groupe qu’on aime bien avec une compil de covers ou un truc comme ça, toi, ça, c’est le genre de projet qui pourrait nous intéresser.

Chairyoursound: Qu’est ce que tu t’aurais envie de dire aux gens qui ne connaissent pas forcément le groupe et qui pourraient écouter cet album tomber dessus?

Maxime: Si vous, si, si vous tripez, écoutez, prenez le plaisir que vous avez, que vous avez à prendre et n’hésitez pas. De manière légale ou illégale, à vous procurer la discographie d’Embyonic Cells. Si vous tripez pas, c’est bien compréhensible, passez passez votre chemin. Mais d’une manière générale, pour Embryonic Cells ou pour toute la pléiade de petits groupes comme les nôtres. Surtout, continuez à les soutenir, ne les boudez pas, c’est évident. Je veux dire Metallica sort un nouvel album. C’est super, mais Metallica. Ils ont déjà vendu des millions et des millions et des millions d’albums. Mais n’hésitez pas à jetter vos oreilles et à soutenir les groupes issus de la scène française ou alternative, la scène française et au delà, mais les plus petits groupes.

Chairyoursound: Et bien merci beaucoup de tes réponses Maxime!

Maxime: Merci à toi, ça m’a fait plaisir.

 

Merci à Maxime pour sa disponibilité, à Roger et Replica Promotion pour l’opportunité et merci au Hard Rock Café pour l’accueil!

Crédit photo: Christiane T.

 

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