Interview – Stinky

Victor a pu poser quelques questions à Stinky lors de leur venue en octobre dernier au Matt’s Guitar Shop pour une session acoustique. Un petit bonus s’est glissé à la fin de l’interview. 

Victor: Pour commencer, pouvez vous présenter le groupe, pour ceux qui ne connaissent pas Stinky?

Paul: Nous sommes Stinky, un groupe Hardcore de Nantes, on est 5, avec Eddy pour la cession acoustique, on existe depuis 2013/2014 sur cette formation là, on a sorti 3 albums dont le dernier est sorti il y a 6 mois.
On a fait pas mal de dates, plus de 350 concerts, principalement quelques tournées européennes et festivals comme le Hellfest, le Tramfest, d’autres trucs, bref on continue notre bout de chemin.

Claire: Ah ouais, ça c’est de la présentation!

Victor: Comment voyez vous l’évolution entre votre deuxième album « From Dead-End Street » et celui qui est sorti cette année « Of Lost Things », l’évolution du groupe, du son?

Claire: Déjà, l’album a été pensé différemment. « From Dead-End Street » était un album plus pensé pour du live, il avait un côté très direct, pas hyper aéré, vraiment structuré comme pour du live, c’est du non stop, du début à la fin, ça tartinait tout le long, c’est sympa aussi mais on s’est vite rendu compte que pour que les gens puissent apprécier chaque morceau, il fallait aussi des moments de respiration. Du coup on a voulu construire le nouvel album sur une base un peu différente, avec des moments de variation plus marqués.
Après, sur l’évolution  du groupe, je pense qu’avec la fin de la tournée « From Dead-End Street », on a beaucoup beaucoup joué en France, et du coup, on s’est recentré sur la France.

Titouan: A un moment, on jouait vraiment plus dans les pays de l’Est, qu’en France!

Claire: On a plus joué en France, et on a aussi été accompagné différemment pour la sortie du nouvel album. On a changé de label et passé sur un label Américain, qui s’appelle M-Theory, on a été accompagné aussi au niveau du booking, au niveau de la promotion, donc  voilà, ça a apporté quelque chose d’autre, de différent.

Paul: Même en tournée, on a été moins seul en fait, à essayer de porter le projet, du coup on s’en rendu compte que, en fait,  le dernier album qu’on a sorti, nous, on s’est uniquement occupé de la phase compo, graphisme, et tous les à côtés étaient pris en charge par d’autres structures, ce qui fait qu’en terme d’investissement, on s’est vachement recentré sur la musique.

Claire: Et ça c’est chouette, c’est très chouette!

Victor: Es-ce que vous pouvez parler justement de la compo de ce nouvel album « Of Lost Things » qui est sorti, donc, il y a six mois?

Titouan: C’est une compo assez classique, que 95% du groupe fait je pense, il est composé principalement en répet’, et cette fois ce sont les guitaristes qui arrivent avec des riffs sur lesquels on se cale tous. La phase de compo, elle, a durée à peu près un an avant d’entrer en studio. L’enregistrement s’est fait sur 15 jours, étalés sur un mois, on fait d’abord les morceaux musicaux,

ensuite on emmène les riffs, on bosse sur les structures ensembles, après on commence à réfléchir aux thématiques du chant puis on pose le chant. Une fois que tout ça est fait, on enregistre ça sur maquette et on modifie ce qui ne nous va pas, on commence à réfléchir sur la tracklist et pour cet album là, on a beaucoup plus réfléchit sur les transitions entre les morceaux, d’où les passages acoustiques. On a pu faire carrément un titre entier acoustique avec Eddy, le dernier morceau de l’album, qu’Eddy a grandement arrangé. Et puis voilà, on avait plein d’idées comme ça.
Nous, quand on arrive, vu qu’on a pas les budget pour passer trop de temps en studio, tout est quasiment réglé du début à la fin, il y a quelques petits trucs qui peuvent varier, qui bougent un peu, mais on n’a pas trop de marge de manœuvre.
Je sais qu’il y a des groupes comme Tagada Jones qui composent en studio par exemple, mais il faut savoir qu’ils ont leur studio à eux, c’est différent, pas les mêmes problématiques. Mais nous quand on arrive au studio, tout est déjà prêt, on fait un maximum de taff en amont.

Victor: Quels sont les thèmes que vous avez voulu aborder sur cet album là?

Claire: On a abordé pas mal de choses différentes, les textes sont écrits par Titouan et par moi. En fait c’est un peu des moments de vie à chaque fois, on se nourrit de ce qui nous arrive, des phases que l’on peut traverser et c’est vrai que ce sont des textes assez introspectifs, on parle de plein de thèmes, on peut parler de la dépression ou de trucs un peu plus positifs comme l’amitié, la gestion de la distance, l’envie de s’affranchir un peu des codes qu’on nous impose et faire sa propre route un peu, tout seul, sans toujours avoir de modèle. Voilà, on parle de plein de choses différentes…

Titouan: On parle beaucoup de nous, de ce qu’on vit dans nos textes, c’est souvent des phases de vies qu’on met en avant sur nos morceaux, on ne fait pas sur des histoire tierces et choses comme ça. On a toujours fait ça, en fait sur chaque album, on aborde deux ou trois ans de nos vies que l’on traverse qui sont mis à l’écrit.

Victor: Pour vous avoir vu l’année dernière, vous aviez déjà joué un ou deux morceaux il me semble, de cet album là. Quel retour avez vous vous eu à ce moment là sur ces nouveaux morceaux?

Titouan: Je ne me souviens pas qu’on en ai eu beaucoup…

Claire: Si, on a eu des retours plutôt cools, on avait joué « Revival Fire » et « Mind Trapped ». Alors quels retours exactement… Je sais que les gens avaient été assez convaincus, ça restait dans la même lignée, ce sont deux morceaux qui représentaient assez bien l’album dans sa globalité, un titre assez mélodique et fédérateur avec pas mal de cœurs et un morceau beaucoup plus frontal, plus bourrin. Les gens étaient plutôt partants, enthousiastes au final.

Victor: Vous avez sorti cet opus il y a six mois, comment avez vous vécu la sortie de ce dernier dans cette période clairement pas facile pour le groupe?

Paul : On ne l’a pas vécu aussi mal finalement…

Claire: Oui, ce n’était pas si mal car ça nous a permis de travailler avec le groupe autrement. Habituellement, on se concentre beaucoup sur du live, parce qu’on adore ça! A la base, si nous faisons de la musique, c’est pour faire des concerts, c’est pas pour le plaisir d’être en studio un peu comme des geeks, c’est pas trop notre truc, il y en a qui adorent ça et qui le font très bien, nous ce n’est pas trop ça. 

Paul: Le studio, c’est un fléau!

Claire: Du coup on a vécu le truc un peu autrement, on s’est concentré sur les à côtés, faire des clips, bosser aussi  la promo de l’album car mine de rien, ça prend vachement de temps et c’est énergivore.

Titouan: Il y a un truc que j’ai personnellement super bien vécu, c’est le fait qu’on ai eu beaucoup de commandes et énormément de bons retours, ça c’était super, même si on était en confinement et que ce n’est pas un moment très marrant à vivre, on avait l’impression que les gens s’intéressaient beaucoup à ce projet là et suivaient en face, c’était super touchant.

Paul: C’est pas comme si… enfin ça nous ai déjà arrivé de sortir un album par le passé, mais on s’était rendu compte que ça n’intéressait pas tant de gens que ça, mais ça nous permettait de faire des concerts, et là c’était plutôt l’inverse. Il y avait beaucoup de gens qui étaient curieux de voir ce qu’allait donner l’album, même sans concerts, et c’est vraiment d’autant plus touchant.

Victor: Il me semble d’ailleurs que votre vinyle a été sold out, même avant la sortie de l’album!

Paul: Carrément, c’était dingue!

Claire: Ah oui, c’était assez cool!

Titouan: Les premiers pressages étaient complètement vendus avant le sortie.

Victor: Ca prouve là vraiment que les gens étaient plutôt un peu intéressés par cette sortie, du coup (sourires)…

Paul: Ouais, franchement on avait pas du tout misé sur un truc comme ça tu vois. On a vendu autant de vinyles avant la sortie de l’album, que l’album précédent après deux ans et demie de concerts.
Tu vois, en terme d’échelle, on s’est dit WOW,  c’est COMPLETEMENT FOU!

Victor: Du coup, vous parliez de la promo de cet album, comment vous avez repensé les phases de promo, justement dans une période où on ne peux pas faire vivre l’album en live?

Paul: Déjà, on avait beaucoup plus de temps, du coup on a été super sollicités pour des interviews, des skypes etc… On était là… bah ouais, vas-y! Enfin ce n’est pas comme quand tu bosses et t’essaies d’avoir ton coup de fil entre 19 et 20 heures et t’es dans tes trucs, là on avait vachement de temps c’était super. On a eu des opportunités que nous n’aurions pas eu en temps normal je pense, en tout cas.

Titouan: Tu vois, heureusement qu’on était épaulés, pour répondre à ta question, heureusement qu’il y avait HIM MEDIA aussi, ce qui nous a permis de décrocher pas mal d’interviews franchement, durant ce confinement, et ça c’était super!

Claire: Clairement oui, on a profité de ce temps là, forcément.

Titouan: Si tout le monde bossait, je ne pense pas qu’on aurait pas pu tenir la cadence, c’est con, mais je pense qu’on aurait eu moins d’opportunités quand même…

Victor: Quels ont été les retours, depuis la sortie de l’album?

Claire: On a eu pas mal de retours quand même, plutôt positifs… Après, les gens ont surtout tendance à dire le positif.

Paul: Après, comme a dit Titouan, les retours négatifs, on ne les a jamais en face ou même dans les magazines, c’est rare!

Claire: On a eu de très bons retours, en fait, j’ai l’impression que les gens ont vraiment apprécié le fait qu’on apporte un peu autre chose dans la construction de l’album aussi, qu’on ose des choses, qu’on soit moins dans le codes un peu pré-faits du Hardcore/Punk Hardcore que tout le monde connaît. C’est vrai que c’est un style, pour se réinventer, ce n’est pas évident, ce n’est pas ce qu’on cherche à faire non plus, mais on avait envie quand même d’apporter des choses un peu différentes tu vois, les parties acoustiques, mine de rien…

Titouan: C’est beaucoup plus varié, on a des changements de tempos quasiment sur tous les titres… On ne voulait pas faire le même album que le précédent, ça n’aurait pas été hyper intéressant. Après on a eu pas mal de bons retours, mais c’est de manière dématérialisé, tu sais, les commentaires, des mails, des trucs comme ça, on n’a pas revu les gens tu vois, du coup c’est plutôt dans la presse.

Victor: Je suppose aussi, des gens qui vous écoutent hors presse, vous avez forcément eu des retours au moins sur les réseaux sociaux, des gens qui ont dit « C’est top! » etc…

Titouan: Sur les réseaux ouais, on en a eu beaucoup.

Claire: On a eu de très bons retours parce que le gens ont aimé le côté varié et la prise de risque sur certains morceaux aussi, les thèmes un peu différents, des ambiances différentes etc…

Victor: Vous aviez fait au mois de Juin, un concert dans les locaux du Hellfest, pour vous, ça représentait quoi de faire cette date là, faire partie des trois groupes choisis? Même si vous êtes du coin mais…

Claire: Ah oui, une petite date streamée 400 000 fois… (rires)

Titouan: Comme tu dis, c’était dingue quoi, c’est Yoann (Le Nevé) qui a demandé au groupe directement sur messenger, et c’était un mois avant l’évènement, on a pas été prévenus genre six mois à l’avance, il y avait ce côté là assez précipité. Après sur place, forcément tu es stressé, c’est aussi nouveau pour nous de faire ça, vraiment en mode « plateau TV », ou tu vois une grosse caméra sur un bras, qui te regarde et tout…

Claire: Ouais, c’est un exercice qui ne fait pas de cadeau…

Paul: C’est assez déstabilisant…

Claire: Franchement, je pense que c’est la hantise de pas mal de groupes, parce que c’est un exercice qui ne fait pas de cadeau, tu dois avoir l’énergie live quand même, parce que tu as des gens qui te regardent même si tu joues devant personne, ça déjà c’est super bizarre, et puis il faut être carré parce que les gens ils entendent tout, enfin c’est le son de la table de mixage qui tombe directement derrière, si tu fais le moindre pain, ça s’entend X1000, alors qu’en live, ça ne s’entend pas forcement, quand l’audience est dans le truc, dans l’énergie. C’est un exercice qui est franchement flippant quoi, vraiment!

Titouan: Et puis tu sais, quand tu fais ta pause, pour te réaccorder, qu’après il faut enchaîner, là quand tu te retournes, y’a personne, juste la caméra, il faut être honnête, il y a un truc… tu vois les techniciens avec leurs casques, leurs micros et un masque, faut y retourner tu vois, c’est pas facile (sourires).

Victor: Il faut faire un geste au technicien (sourires)…

Titouan: Ouais, c’est ça (rires).

Claire: C’est ça, et il fallait aussi imaginer ce concert comme un concert qui allait être vu par des gens, c’est à dire qu’il fallait quand même parler aux gens qui étaient derrière leurs écrans, et en fait, j’ai trouvé que ce concert était vraiment à l’image de la période qu’on était en train de vivre quoi, un truc complètement délirant, où tu es à la fois tout seul et à la fois avec plein de monde, ça c’est ce qu’on a tous vécu pendant le confinement, où tu es à la fois tout seul chez toi mais en même temps tu peux appeler n’importe qui n’importe quand, et quand tu raccroches t’es tout seul comme un con chez toi quoi.

Victor: C’est ça, faire des appels de 4 heures alors que plus personne s’appelait jamais…

Claire: C’est ça, ça avait ce côté un peu hors sol, qui était chouette, après, on espère que ce ne sera pas l’avenir de la musique live mais…

Victor: Personne n’espère ça, clairement…

Claire: Clairement, j’espère que personne n’espère ça (rires)… sinon c’est mort.

Victor: Du coup, avez vous des projets pour la suite?

Claire: Et bien, jouer, faire des concerts… Non je déconne (rires).

Titouan: Alors là, tout de suite, aujourd’hui, jouer là ce soir avec Eddy. On a bossé des morceaux en acoustique, l’exercice nous plait bien, on a composé aussi un peu en électrique, maintenant, la suite, ce n’est plus de notre ressort…

Claire: C’est ça, si ça ne tenait qu’à nous, on ferait des concerts tout le temps, après voilà, l’exercice en acoustique on a vraiment aimé le bosser, on va voir ce soir ce que ça donne mais on a vraiment aimé ça et on serait peut être aussi à même a refaire ce genre de chose dans le futur, surtout si les concerts restent en mode « assis » pendant un petit bout de temps…
Je préfère jouer de l’acoustique avec un public assis que faire du Punk Hardcore avec des gens assis, ça je crois que je ne le vivrais pas très bien. Il y a une énergie que tu n’as plus quoi, c’est plus la même, en acoustique ce n’est pas pareil…

Titouan: C’est carrément une autre expérience de jouer en acoustique.

Claire: Donc peut être qu’on va se lancer un peu plus là dedans aussi…

Paul: De toute façon, nous on se voit deux fois par semaine, on répète, on fait des trucs, tu vois, des projets on en aura tant qu’on a envie d’en avoir, on fera ce qu’on veut quoi.

Victor: Merci beaucoup à vous

Groupe: Merci à toi

 

En bonus on vous met le lien de la vidéo du Matt’s Guitar Shop incluant la session acoustique ainsi que une autre interview:

 

Merci à Stinky pour leur disponibilité, merci à Him Média pour cette opportunité et merci au Matt’s Guitar Shop pour l’accueil.

Un énorme merci à Mary pour son aide pour la retranscription !

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