La rage en communion
Dernier tour de piste sous un soleil impitoyable : la poussière colle à la peau, les gorges brûlent, mais personne ne lâche. Le troisième jour du Festival 666 s’annonce comme le plus intense, celui où la rage devient un langage commun.
Une montée en puissance inarrêtable. Entre chaos maîtrisé, communauté rugissante et émotions à vif, Cercoux brûle, une dernière fois, dans une communion totale avant la délivrance.
Anesys
Anesys prend la scène avec un death metal mélodique direct et sans fioritures. Le son est massif, les transitions rapides, les riffs mordants. Leur prestation ne détourne pas : pas de pause, pas de concession. Pour les amateurs du genre, c’est du pain béni. Pour les autres, c’est un rappel que le metal extrême a sa place jusqu’au bout du fest, même sur une journée placée sous le drapeau des coreux.
Alternight
Le collectif Alternight, mené par Arthur Alternatif, transforme la scène en véritable fourmilière. Le concept est clair : un medley de reprises metalcore et modern metal, soutenu par une cascade d’invités qui se succèdent, jusqu’à réunir presque dix chanteurs et musiciens en même temps. Linkin Park, Architects, Knocked Loose, Bring Me The Horizon, ou encore Electric Callboy, résonnent tour à tour, repris en chœur par une fosse déjà bouillante. L’énergie est indéniable et les refrains, fédérateurs, font vibrer le public.
Ce plateau hors norme impressionne autant qu’il déroute : avec autant de micros ouverts, de transitions et de passages éclatés, le set frôle parfois le chaos. Mais c’est aussi ce désordre organisé qui fait parler, entre les partisans du show total et ceux qui regrettent un manque de cohérence. La conclusion sur Lord & Master d’Apashe, partagée par l’ensemble des invités, laisse une impression contrastée mais mémorable. Un show atypique et quelque peu chaotique, qui surprend par son ampleur et restera comme l’un des moments les plus singuliers de cette édition, pour diverses raisons.
Ashen
Le soleil tape fort, mais Ashen s’en moque : dès la première note, la scène devient leur domaine. Le groupe parisien, qui tease alors son premier album Chimera, redistribue les cartes de la journée. L’énergie est fulgurante, les lumières claquent. Même en plein jour, tout est calibré pour frapper juste.
Clément, le chanteur, est littéralement possédé : il crache ses mots avec la rage de quelqu’un qui n’a plus rien à perdre, les veines prêtes à exploser. Son chant metalcore passe du clair au growl avec une aisance déconcertante, alternant entre cris rageurs et passages plus posés. Angel, Hidden, Sapiens… La fosse réagit à chaque break, ça saute, ça crie, et on sent que le groupe s’impose encore plus comme un nom à suivre dans le metalcore français.
Derrière la fureur, les guitares dévoilent une vraie profondeur : des moments chargés d’émotion, oscillant entre mélancolie intérieure et intensité sauvage. Sur Desire, le public retient son souffle, porté par une sincérité presque douloureuse. Puis Ashen nous offre une version explosive de l’incontournable Smells Like Teen Spirit de Nirvana: puissante, viscérale, mémorable. Des moments de pure rage avec Crystal Tears et le viscéral Cover Me Red bouclent le set, avant que Outlier n’éteigne les dernières flammes. Ashen vient de marquer le festival au fer rouge.
Alea Jacta Est
Alea Jacta Est débarque et tout s’embrase d’un coup. Avec eux, pas de place à la demi-mesure : c’est dans la fosse que ça se vit, pas ailleurs. Même les photographes doivent plonger dedans pour ressentir le chaos, et Marion n’hésite pas à se faufiler au milieu des mosher, prenant plaisir à distribuer quelques coups d’épaules et à caler deux-trois jeux de jambes. Les breakdowns cognent, la poussière monte et le public devient une vague incontrôlable. En plein set, Gurvan de Who I Am débarque pour un featuring explosif, ce qui électrise encore plus la foule. C’est brut, intense, et ça laisse tout le monde rincé mais heureux. Un des sets les plus sauvages de la journée, sans hésitation, annonçant la suite des hostilités, sans repos.
Karras
Sous une chaleur de plomb, Karras déchaîne la tempête, et une furie joyeuse s’abat sur le public. Leur death grind fuse, rempli de brutalité et de lourdeur, mais l’énergie qui circule est solaire, presque euphorique. Les pogos explosent dans la poussière, les sourires s’échangent, les festivaliers se relèvent mutuellement dans une fraternité bruyante et sincère. Le trio balance son set avec une précision implacable, mais sans jamais perdre ce lien humain avec la foule. Chaque hurlement, chaque riff devient un cri de ralliement, une communion brûlante et bienveillante. Quand tout s’arrête, on ne voit que des visages rincés, mais heureux. Karras vient de transformer la rage en fête.
Guilt Trip
Quand la nuit tombe et que la chaleur devient enfin supportable, Guilt Trip prend la scène d’assaut. Dès les premières secondes, on comprend que ça va être un carnage. Le hardcore anglais frappe sec, leurs riffs lourds et leurs breaks assassins déclenchent instantanément des circle pits et une marée de headbangs. Le pit est un véritable chaos, violent et électrique, mais toujours partagé avec passion et respect.
Le chanteur harangue la foule avec un charisme brut, chaque riff est à son paroxysme, chaque cri à son intensité maximale. Malgré la violence de la musique et du mosh, l’énergie reste communicative : des sourires éclatent au milieu de la foule qui s’entrechoque, la fraternité est palpable. Le public hurle les refrains, saute sur chaque break. La communion est totale.
Quand le dernier morceau se termine, les applaudissements et les cris de joie remplissent le 666. Guilt Trip a transformé la nuit en un chaos heureux et mémorable, c’est un des sets les plus puissants de cette édition.
Paleface Swiss
L’attente est presque contemplative : une tension palpable, pesante et électrique, flotte dans l’air avant leur arrivée. Quand Paleface Swiss débarque, tout explose. Leur énergie est folle, leur joie contagieuse. Et dès les premières secondes, le public est happé. On sent immédiatement qu’ils sont heureux d’être là, et cette sincérité se transmet à chaque regard, à chaque mot.
Entre deux morceaux, ça parle anglais, ça parle français, ça balance des blagues… Une vraie complicité s’installe avec la foule. Mais derrière les sourires, le groupe reste implacable : plus frontale que Guilt Trip, chaque riff et chaque ligne de chant emportent tout sur leur passage. Le pit devient un cyclone furieux, une énergie qui se répand comme une traînée de poudre.
Malgré cette violence pure, la passion et le respect restent intacts. Les sourires et les pogos se mêlent, l’union est absolue. Quand Paleface quitte la scène, le silence est lourd, saturé de souffle et de regards ébahis. Paleface Swiss a laissé une empreinte indélébile, un passage exceptionnel qui restera gravé longtemps dans les mémoires.
Hatebreed
Sous un ciel rempli d’étoiles, Hatebreed arrive avec la force tranquille d’une légende respectée et adorée. Dès les premières notes, le pit s’embrase, rempli d’excitation et incroyablement soudé, reprenant à tue-tête tous les plus grands classiques du groupe. Chaque morceau s’enchaîne comme un uppercut, un kiff ultime de se prendre dans la gueule ces hits qui ont marqué tant d’années de nos vies, les uns après les autres.
L’énergie est joyeuse, contagieuse. Cultissime et inénarrable, Jamey Jasta, sourire aux lèvres, impose un charisme de grand frère bienveillant. Il interpelle la foule comme un ami et vit chaque moment avec un plaisir XXL, palpable. La fraternité est totale, le respect mutuel évident : chaque accord de guitare, chaque breakdown de batterie, chaque ligne brutale de basse, chaque parole fédératrice renforce ce lien unique entre la scène et le public.
À la fin, c’est un véritable flot d’applaudissements et de sourires qui scelle ce moment inoubliable. Une légende du hardcore pour clôturer une édition en tout point fraternelle et chaleureuse (dans tous les sens du terme).
Le troisième jour du Festival 666 a été un véritable déferlement d’énergie, de rage et de fraternité. Anesys et Alternight ont ouvert le bal avec une intensité tranchante et des prises de risques ambitieuses, tandis qu’Ashen a enflammé la scène avec un metalcore viscéral et émotionnel. Alea Jacta Est et Karras ont transformé la fosse en un chaos euphorique où chaque mosh pit vibrait d’une énergie solaire. Guilt Trip et Paleface Swiss ont porté la violence et la passion à leur paroxysme, créant des moments de communion pure avec le public. Hatebreed, enfin, a conclu la nuit comme une légende vivante, combinant puissance, charisme et respect mutuel. Chaque groupe a laissé une empreinte immuable, faisant de ce dernier jour un festival de sueurs, de voix et d’émotions gravé dans toutes les mémoires.
Bilan de ce cru 2025
Rage, chaleur, et fraternité, le cœur du 666 bat encore :
Trois jours d’enfer, de poussière et de lumière : le Festival 666 a, une fois encore, transformé Cercoux en sanctuaire du metal et de la fraternité. Sous une chaleur implacable, les corps ont tenu bon, portés par une même pulsation, une même fureur de vivre. De la précision implacable de Leprous aux riffs tranchants de Paleface Swiss, du chaos jubilatoire d’Eight Sins aux déflagrations fédératrices de Hatebreed, chaque groupe a laissé sa marque, unique et brûlante. Entre instants suspendus et explosions cathartiques, le festival a mêlé la rage et la tendresse, la brutalité et la beauté. Trois jours où tout s’est mélangé : la poussière, la sueur, les cris et les sourires. Quand les scènes se sont tues et que la poussière est retombée, il ne restait que cette impression d’avoir partagé quelque chose de plus grand que soi, un écho collectif qui résonnera longtemps. Cercoux peut enfin respirer… jusqu’à la prochaine déflagration.
Remerciements :
Nous aimerions remercier Keuf Metal pour les accréditations, qui nous ont permis de vivre cette expérience de cette sixième édition du festival 666.
Nous avons apprécié l’organisation, celle-ci ayant mis en oeuvre tout ce qu’il fallait pour le confort des festivaliers face à la chaleur de ce week end infernal. Mais aussi et surtout, merci pour cette ambiance familiale, pour ce festival proche de son public, qui produit avec et pour les festivaliers des éditions plus ambitieuses que les précédentes. Mais il tient au contact humain, au bien-être de tous et à la qualité de son affiche. Un immense merci à tous les bénévoles, les salariés et les partenaires, ainsi que les services de sécurité.
On se retrouve en 2026, pour encore plus de surprises !
Matt’ et Marion