Entretien – Émile (chant) – Beyond The Styx

Pour évoquer leur nouvel album Sentence, Victor a pu s’entretenir avec Émile Duputie, chanteur de Beyond The Styx. L’album est disponible via WTF Records.

 

Victor: Bonjour! Comment vas tu ?

Émile: Bonjour! Très bien et toi !

Victor: Très bien également ! Pour commencer peux-tu un peu présenter le groupe Beyond The Styx?

Émile: On est un groupe de harcore métallique qui est en activité depuis 2011. Je suis Emile, chanteur du groupe depuis l’origine tout comme mon compère Hadrien qui lui est batteur. Nous on rejoint respectivement David à la guitare et Yoann à la basse courant 2013, et le petit dernier se prénomme Arnaud et officie à la guitare lead depuis 2019.

Victor: Du coup Arnaud a rejoint le groupe après la sortie de votre deuxième album?

Émile: Exactement! Il nous a rejoint pendant la période d’écriture du troisième album. Il a pu aussi faire 2 dates de la tournée. On devait en faire une quinzaine mais tu connais la suite.

Victor: Quand avez vous commencé à travailler sur l’album Sentence ?

Émile: Début 2019. On avait notre signature avec le label WTF records suite à l’envoi de démos qu’on avait réalisé à l’été 2019. Il y avait eu trois tires d’écrit à l’époque avec Victor notre ancien guitariste lead. Puis l’aventure s’est poursuivie avec Arnaud. Au premier confinement, il venait juste d’intégrer le groupe, puisque on l’a annoncé officiellement début 2020. A l’époque du premier confinement on avait quatre titres et demi. S’en sont suivi, par l’intermédiaire des attestations de sorties, des sessions de travail. On a la chance de posséder un studio, on a eu la possibilité pendant un certain temps de pouvoir composer ensemble. C’est l’identité du groupe de travailler tous ensemble. Mais malheureusement quand les distances entre régions ont été interdites, on a du composer le dernier titre à distance. Çà a été relativement compliqué et notamment pour ma part.

Victor: Et pour l’enregistrement, comment la situation sanitaire vous a t-elle impactée?

Émile: Pour l’enregistrement on a travaillé avec Christian Donalson, qui habite du côté du Québec. Et le soucis qu’on a eu c’est que les restrictions sanitaires étant ce qu’elles sont au Canada, c’est à dire drastiques par rapport à la France, c’est qu’on a du déprogrammer deux sessions d’enregistrement puisqu’il n’était pas en capacité de venir en France. On a finalement réussi après deux reports.

Victor: Tu parlais du travail avec Christian, comment avez-vous vécu le travail avec lui en tant que groupe?

Émile: Tellement différemment de ce qu’on avait pu vivre sur nos précédents albums. Pédagogie, un savoir-être et un savoir faire complètement distinct de ce qu’on a pu voir avant. Je suis quelqu’un de très stressé, et j’ai pas trop mal vécu le studio, parce que c’est pas seulement de l’artistique c’est aussi de l’humain. Et là même si il y a eu des moments compliqués j’ai plutôt bien vécu ce moment là. A côté de ça c’était une expérience terriblement enrichissante. J’avais pas l’impression de travailler même si Christian était très exigeant sur des prises voix ou de la diction. Mais en même temps c’est ce que j’attendais en tant que chanteur.

Victor: Est-ce-que tu peux me parler des thèmes principaux que vous avez voulu mettre en lumière dans cet album?

Émile: Disons que l’intégralité des thèmes sont des thèmes d’actualité. ils découlent ou dépendent de la crise sanitaire sans y être forcément directement liés. Je m’explique, il y avait une partie de l’album qui était avant la pandémie et une partie après. Je tenais pas forcément à parler Covid mais il se trouve que la réalité m’a un peu rattrapé. J’aborde le Covid pas sous en angle biologique mais plutôt sur un angle sociologique, philosophique et économique. J’ai aussi parlé de choses diverses et variées comme le burn-out, la force d’être un groupe et le rôle qu’on a tous à jouer à quelque niveau que ce soit pour dessiner l’avenir d’un monde d’après. Puis des sujets qui touchent un peu plus directement la crise sanitaire comme dans le morceau « Escape XIX » qui aborde concrètement l’échappatoire qu’il a fallu se créer pour s’échapper de l’isolement. Et des chansons qui traitent des violences policières, et puis le transhumanisme.

Victor: Sur l’album on retrouve trois collaborations, est-ce-que tu peux me dire comment elles ont vu le jour, et comment vous avez pu les réaliser malgré la situation?

Émile: Elles sont arrivées parce qu’on a eu la chance de tourner. Et dans ces tournées on croise des gens plusieurs fois qui partagent des messages qui nous touchent et avec qui humainement on a une forte accroche. Moi je crois en l’humain et au pouvoir de la rencontre. J’ai fait des propositions à des artistes que j’apprécie sur tous les plans. La collaboration avec Vincent de The Butcher’s Rodeo et celle avec Guillaume de Fianl Showdown se sont faites assez facilement puisqu’ils ont pu venir au studio. Je me suis engagé à défrayer les artistes qui venaient pousser la chansonnette en studio avec nous. Avec Luis c’était plus compliqué, puisqu’il vit à Madrid. On a travaillé à distance ensemble puis Christian a mixé sa voix et la mienne et ça a convenu à tout le monde.

Victor: Est ce que tu peux me parler de la pochette de ce nouvel album?

Émile: On a re-travaillé avec Amo qui est un illustrateur français basé à Bruxelles. Donc à la base j’avais une idée, je lui ai transmis et il l’a interprété. Le premier résultat était pas probant mais le deuxième est tombé dans le mille. Si je voulais synthétiser on trouve la symbolique de l’adolescence qui est une phase de transition, de choix importants. Le personnage tient Cerbère qui n’est autre que le gardien des enfers. Et en arrière plan on a une image un peu tiré de comics comme Dardevill par exemple avec les dessins de Hell’s Kitchen. Le gratte-ciel représente notre société pyramidale, avec le haut qui écrase le bas.  Et la lune et les ténèbres qui représentent une vision apocalyptique puisque à chaque fois que la lune est pleine on sait que ça a des conséquences sur la gravité et plein d’autres choses.

Victor: Comment tu vois l’influence du milieu hardcore sur les sujets de société?

Émile: L’influence pourrait être notable si on donnait un micro médiatique plus important à ce milieu. je ne dénigre absolument pas le travail de passionnés, de professionnels réalisés par tout un tas de médias indépendants ou non. Mais ce qui est important c’est qu’on permette à cette parole de porter. Mais la parole du hardcore ne porte pas plus que celle de la rue. La rue a montré à quel point le statut de citoyen est dénigré excepté aux urnes. Je suis un pacifiste convaincu mais les derniers évènements montrent qu’il n’y a que en passant à l’acte qu’on écoute un discours aussi censé soit il. Pour qu’un discours puisse être entendu il faut encore qu’on puisse prêter attention à ce discours. On ne prête aucune attention, si ce n’est peu être un peu dans le milieu des musiques extrêmes, au message porté par le milieu du hardcore, en tout cas en France. Ce qui fait que nous sommes des éoliennes destinées à ne jamais être raccordées au système EDF. Il faudrait pour ça que des groupes qui percent acceptent d’être porteurs d’un message, ce qui n’est pas forcément le cas. Et j’espère que si ça nous arrive je n’oublierais pas ce que j’ai dis. Gojira parlent au niveau international mais plus tellement au niveau national par exemple.

Victor: Un petit dernier mot pour donner envie aux gens qui vont lire cette interview d’aller écouter l’album et de découvrir le groupe?

Émile: Ben disons que si tu as besoin de te prendre une bonne baffe c’est l’album qu’il te faut. c’est un album très torrentiel. On beau dire quand l’eau est partie rien ne la retiens. Et ben cet album c’est ça.

Victor: Merci beaucoup à toi pour tes réponses!

Émile: Merci beaucoup ! A très vite !

 

 

Merci à Roger et Replica promotion pour cette opportunité. Merci à Emile pour son temps et ses réponses.

 

Crédit Photo: Frank Potvin

 

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