Live-Report et Photos par Aurélie
Bloom, La floraison du bush
Bloom ouvre la soirée comme une germination brutale.
Leur set se déploie tel un bouquet sauvage né de la terre rouge australienne, un « bloom » au sens premier : la floraison qui jaillit malgré la chaleur, malgré la sécheresse, malgré les saisons capricieuses du bush.
Les guitares s’enroulent comme des lianes nerveuses, les voix montent comme une brume légère au-dessus des herbes brûlées.
Chaque break évoque l’éclat d’une plante du désert qui s’ouvre après une nuit de pluie improbable.
La salle respire grâce à leurs sons oxygénants.
Bloom ne joue pas : Bloom pousse, Bloom fleurit, Bloom envahit l’espace, jusqu’à recouvrir mentalement chaque mur du Backstage.
Ocean Grove, Sous l’océan
Ocean Grove prend la relève et fait changer la météo intérieure.
Le public passe du bush à la côte australienne, aux plages indisciplinées où la mer frappe les roches avec panache.
Leur groove psyché déferle comme une vague et emporte le public en un instant. Les riffs frappent comme des courants ascendants.
Les lignes de basse serpentent telles des algues fluorescentes, les refrains solaires ne manquent pas de réchauffer la salle (sans impact sur nos bronzages, malheureusement).
Tout semble plus liquide sous nos pieds, plus instable, tant la fosse saute.
La salle devient littorale, baignée d’embruns imaginaires. Ocean Grove immerge la salle, avant de nous laisser nous échouer de fatigue sur les marches du Backstage.
Thornhill, La délicatesse des épines
Lorsque Thornhill entre en scène, tout bascule encore.
La façade parisienne de la salle s’efface, remplacée par l’horizon rouge des lumières aux couleurs du désert australien. Un silence lourd, seulement l’écho de nos souffles.
DIESEL surgit comme un moteur lancé à vive allure sur une route interminable. Nous ne sommes pas perdus et ils seront nos guides dans cette traversée épineuse.
Les riffs vibrent à la manière d’un métal chauffé au soleil, prêts à se fissurer sous la tension. L’atmosphère se densifie. Les notes s’enchaînent comme une succession de mirages.
Revolver nous frappe en pleine poitrine. Les lignes sont floues, notre esprit embrumé.
Mercia nous réveille dans les abysses mais la lumière de Lily & the Moon nous ramène à la surface et nous permet d’admirer une pleine lune sur les dunes.
Puis vient Where We Go When We Die, aussi brûlante qu’un incendie dans ce désert déjà aride : les voix et guitares se mélangent comme des flammes qui lèchent le ciel, « painting heaven in decay ».
Only Ever You offre une ombre bienvenue, fragile, comme celles des arbres solitaires dans le désert.
Arkangel descend alors comme une présence céleste lourde, qui nous donne de l’espoir dans cette expédition.
Blue Velvet installe une nuit de velours bleue, étouffante, mais nous ne fatiguons pas pour autant. D’autant plus que Silver Swarm bourdonne bientôt comme un essaim, et plonge la salle dans une forte agitation.
La tension retombe dans Fall Into the Wind, portant la salle comme un vent chaud vers un chemin plus facile à pratiquer.
Il nous reste à parcourir les derniers mètres jusqu’à cette colline épineuse : Tongue, Obsession,
Trois climats, une même terre
Ce soir, Bloom a fait pousser la végétation sauvage du bush. Ocean Grove a fait déferler l’océan. Thornhill a fait respirer le désert nocturne. Trois climats australiens, trois visions du monde, mais une même chaleur. L’Australie aura bel et bien existé ce soir sous le plafond du Backstage : entière, multiple, vivante.
