[ENGLISH VERSION BELOW]
Vingt-six ans après ses débuts, Mors Principium Est livre son neuvième album, Darkness Invisible, paru le 26 septembre chez Reigning Phoenix Music.
Un disque sombre et ambitieux où le death metal mélodique du groupe se déploie avec une intensité toujours intacte, entre brutalité glaciale et envolées lumineuses.
Of Death
Cet album s’ouvre sur une ambiance solennelle, voire funèbre. Une atmosphère de brume épaisse avant que les guitares ne viennent se déchaîner et trancher cette intro macabre. Les orchestrations posent un décor sombre et massif, et quand la batterie s’accélère, tout explose d’un coup. On est directement happé dans un monde où la mélodie s’associe avec la brutalité, sans jamais masquer l’un ou l’autre.
Venator
Rapide, tranchant et viscéral, Venator, c’est une chevauchée sauvage et brutale. Les riffs fusent comme des lames lancées à pleine vitesse. Les claviers, discrets mais indispensables, apportent une profondeur quasi cinématographique à l’ensemble. Le refrain nous accroche instantanément, avec une montée en puissance qui fait headbanger à fond. Typiquement le genre de titre qui reste longtemps en tête après l’écoute, et qui sera d’une efficacité redoutable en live.
Monuments
Monuments apporte une première respiration. Le tempo devient plus lourd, plus écrasant, avec un parfum d’ambiance dramatique et émotionnelle. Le morceau joue en permanence sur cette tension, comme une menace invisible qui surgit sans prévenir pour nous attraper au cœur. La voix de Ville se pose comme un souffle implacable, soutenue par une mélodie de guitare qui serpente lentement dans la compo avant d’exploser en solo, magnifique et solaire.
Tenebrae Latebra
Sans doute l’une des plus belles réussites de cet album. Une intro grandiloquente, lyrique; l’impression d’être au cœur du Seigneur des Anneaux, aux côtés des elfes. Un moment intime, fragile, qui finit par se déployer en une sorte de ballade noire. Les orchestrations ouvrent grand le ciel, les violons venant tracer des lignes mélodiques qui arrachent le cœur. C’est une pause contemplative qui montre une autre facette du groupe, sans perdre en intensité.
Summoning The Dark
Après cette pause contemplative, retour à la fureur. Summoning The Dark est une ascension constante, comme un escalier infernal sans fin. Les riffs galopent, la batterie martèle à toute vitesse, les claviers ajoutant une profondeur dense. On sent une impression de grandeur, comme une tempête inarrêtable; furieuse et dangereuse, mais totalement écrasante de majesté.
Beyond The Horizon
Beyond the Horizon porte bien son nom avec son introduction qui semble nous inviter au voyage. Mais très vite, un riff d’ouverture, sec et nerveux, vient nous renvoyer en pleine tempête. Les passages instrumentaux s’allongent, avec des couches de synthés qui renforcent l’affolement des guitares. Différentes phases, avec des ruptures de tempo marquées, densifient un titre complexe aux multiples facettes.
C’est un morceau qui se vit comme une traversée à bord d’un navire en plein typhon : rugueux, sans compromis, hypnotisant et fascinant à mesure que nous avançons et bravons ses vagues qui viennent se briser sur la coque.
The Rivers Of Avernus
Prêt pour un nouvel uppercut ? (De toute façon, cet album en est rempli !) On démarre sans échauffement, on nous attrape au col et on ne nous lâche pas. C’est un des morceaux les plus agressifs, viscéraux. Cependant, même au milieu de cette tornade, les guitares trouvent le moyen de glisser des mélodies. De toute beauté, limpides et lumineuses, tel un fil d’or qui traverse la tempête. Un titre qui tape, qui secoue, mais qui nous touche en plein cœur, nous chamboule et nous transporte.
In Sleep There Is Peace
On continue dans la distribution de droite en pleine face. Tout est pensé pour se la prendre : riffs massifs, atmosphères épaisses, passages de soli aériens, mélodiques, supersoniques et bourrés d’émotions. C’est le résumé parfait de ce que fait Mors Principium Est en 2025 : de la violence, mais toujours sublimé par une écriture soignée, remplie de sensibilité cinématographique et d’une composition ambitieuse, travaillée.
An Aria Of The Damned
Ici, on touche à quelque chose de plus mélancolique, à fleur de peau. Une ambiance de fantasy ancienne, presque mystique, mythologique. Encore cette sensation de se retrouver parmi les elfes dans un roman de J.R.R. Tolkien, mais au sein d’un moment plus noir, avec une touche burtonienne cette fois. Les orchestrations ajoutent un côté dramatique qui colle parfaitement à l’ambiance sombre et funeste du titre. C’est une parenthèse de beauté triste et macabre, touchante et majestueuse. Impossible de ne pas être happé par ce moment… Auquel cas, vous n’avez pas de cœur.
All Life Is Evil
Vous aimez l’épique, le grandiose, le grandiloquent, la lourdeur et la folie d’un désespoir lovecraftien ? Eh bien tout, messieurs dames… TOUT est réuni ici. Ce titre, c’est 6 minutes 23 de maestria cinématographique grandiose. Mélodique, orchestral, lyrique et émotionnel. Aussi bien lourde que désespérée, abyssale que sombre et noire. Un mélange de rage et de lumière. Comme si une flamme fragile persistait au milieu de ces ténèbres. LE titre de l’album ! Peut-être même un manifeste pour le groupe, un futur indispensable… Non, il l’est déjà. Un bijou absolu de death metal mélodique, renforcé par une écriture et une composition d’une maîtrise qui touche au divin. Un morceau qui vous happe, au plus profond de l’âme, et dont on ressort chamboulé et changé à jamais. Une qualité devenue rare dans une scène death mélodique stagnante, une qualité qu’on aimerait entendre et ressentir plus souvent.
Makso Mitä Makso
Si vous possédez ou découvrez Darkness Invisible en version standard, alors vous avez l’expérience de l’album quasi parfait avec la meilleure conclusion possible. Si ce n’est pas le cas, et que vous écoutez la version deluxe : vous aurez la mauvaise surprise de finir avec ce titre bonus. Il a le défaut malheureux d’arriver après ce mastodonte qu’est All Life Is Evil et de clore Darkness Invisible. Une tâche rude et ingrate.
Malgré cela, le morceau frappe dur, efficace et sans détour. Les riffs tranchants maintiennent la cadence tandis que la batterie renforce l’urgence et la rapidité du titre. Et si la violence est frontale, les guitares laissent filtrer une dernière fois des passages lumineux. Malheureusement, cela ne suffit pas à faire oublier le morceau précédent. Makso Mitä Makso finit par paraître fade, générique et non inspiré, même en comparaison des autres compositions de l’album. Quel dommage, mais quel dommage de ne pas clôturer sur All Life Is Evil ! On est à deux doigts d’un album parfait, de A à Z.
Conclusion
Avec Darkness Invisible, Mors Principium Est livre un album massif, sombre et d’une intensité rare. Si l’ensemble touche parfois au génie, porté par des compositions magistrales et une cohérence sans faille, la conclusion (version deluxe) laisse un léger goût amer, empêchant l’œuvre de se hisser au rang d’absolu chef-d’œuvre. Malgré tout, il ne reste pas moins un neuvième chapitre d’une grande richesse, où la rage et la beauté s’entrelacent pour offrir un disque marquant, taillé pour laisser une empreinte durable dans le death metal mélodique.
Tracklist :
Of Death
Venator
Monuments
Tenebrae Latebra
Summoning The Dark
Beyond The Horizon
The Rivers Of Avernus
In Sleep There Is Peace
An Aria Of The Damned
All Life Is Evil
Makso Mitä Makso (bonus track)
[ENGLISH VERSION]
Twenty-six years after their debut, Mors Principium Est released their ninth album, Darkness Invisible, on September 26 via Reigning Phoenix Music.
It is a dark and ambitious record where the band’s melodic death metal unfolds with undiminished intensity, oscillating between icy brutality and luminous flights of fancy.
Of Death
The album opens with a solemn, even funereal atmosphere. A thick fog descends before the guitars kick in and cut through this macabre intro. The orchestrations set a dark and massive scene, and when the drums pick up speed, everything explodes at once. We are immediately drawn into a world where melody is combined with brutality, without ever masking either.
Venator
Fast, sharp, and visceral, Venator is a wild and brutal ride. The riffs fly like blades thrown at full speed. The keyboards, discreet but indispensable, bring an almost cinematic depth to the whole. The chorus hooks us instantly, with a crescendo that makes us headbang at full throttle. Typically the kind of track that stays in your head long after listening, and which will be incredibly effective live.
Monuments
Monuments brings a first breath of fresh air. The tempo becomes heavier, more crushing, with a dramatic and emotional atmosphere. The song constantly plays on this tension, like an invisible threat that arises without warning to grab us by the heart. Ville‘s voice comes across as an implacable breath, supported by a guitar melody that slowly winds its way through the composition before exploding into a magnificent and sunny solo.
Tenebrae Latebra
Undoubtedly one of the most beautiful achievements on this album. A grandiloquent, lyrical intro; the impression of being at the heart of The Lord of the Rings, alongside the elves. An intimate, fragile moment that eventually unfolds into a kind of dark ballad. The orchestrations open up the sky, with violins tracing heart-wrenching melodic lines. It’s a contemplative interlude that shows another side of the band, without losing any of its intensity.
Summoning The Dark
After this contemplative pause, it’s back to fury. Summoning The Dark is a constant ascent, like an endless infernal staircase. The riffs gallop, the drums hammer away at full speed, and the keyboards add dense depth. There is a sense of grandeur, like an unstoppable storm; furious and dangerous, but utterly overwhelming in its majesty.
Beyond The Horizon
Beyond the Horizon lives up to its name with an introduction that seems to invite us on a journey. But very quickly, a sharp and nervous opening riff throws us back into the storm. The instrumental passages grow longer, with layers of synths reinforcing the frenzy of the guitars. Different phases, with marked tempo breaks, add density to a complex, multifaceted track.
It’s a song that feels like sailing through a typhoon: rough, uncompromising, hypnotic, and fascinating as we move forward and brave the waves crashing against the hull.
The Rivers Of Avernus
Ready for another uppercut? (This album is full of them anyway!) We start without warming up, we’re grabbed by the collar and not let go. It’s one of the most aggressive, visceral tracks. However, even in the midst of this tornado, the guitars find a way to slip in melodies. Beautiful, clear, and luminous, like a golden thread running through the storm. It’s a track that hits hard, shakes us up, but also touches our hearts, turns us upside down, and transports us.
In Sleep There Is Peace
We continue with the right hook to the face. Everything is designed to hit you hard: massive riffs, thick atmospheres, airy, melodic, supersonic and emotionally charged solos. It’s the perfect summary of what Mors Principium Est is doing in 2025: violence, but always sublimated by careful writing, filled with cinematic sensitivity and ambitious, polished composition.
An Aria Of The Damned
Here, we touch on something more melancholic, more sensitive. An atmosphere of ancient fantasy, almost mystical, mythological. Again, that feeling of finding oneself among the elves in a J.R.R. Tolkien novel, but in a darker moment, with a Burtonian touch this time. The orchestrations add a dramatic element that fits perfectly with the dark and ominous atmosphere of the track. It’s a moment of sad and macabre beauty, touching and majestic. It’s impossible not to be captivated by this moment… If you aren’t, you have no heart.
All Life Is Evil
Do you like the epic, the grandiose, the bombastic, the heaviness and madness of Lovecraftian despair? Well, ladies and gentlemen… EVERYTHING is here. This track is 6 minutes and 23 seconds of grandiose cinematic mastery. Melodic, orchestral, lyrical, and emotional. As heavy as it is desperate, as abyssal as it is dark and black. A mixture of rage and light. As if a fragile flame persisted in the midst of this darkness. THE title track of the album! Perhaps even a manifesto for the band, an indispensable future… No, it already is. An absolute gem of melodic death metal, reinforced by writing and composition of a mastery that borders on the divine. A song that grabs you, deep in your soul, and leaves you shaken and changed forever. A quality that has become rare in a stagnant melodic death scene, a quality that we would like to hear and feel more often.
Makso Mitä Makso
If you own or discover Darkness Invisible in its standard version, then you have the experience of a near-perfect album with the best possible conclusion. If this is not the case, and you listen to the deluxe version, you will have the unpleasant surprise of ending up with this bonus track. It has the unfortunate flaw of coming after the mammoth All Life Is Evil and closing Darkness Invisible. A tough and thankless task.
Despite this, the song hits hard, effectively and without detours. The sharp riffs keep up the pace while the drums reinforce the urgency and speed of the track. And while the violence is frontal, the guitars let in one last glimpse of light. Unfortunately, this is not enough to make us forget the previous track. Makso Mitä Makso ends up sounding bland, generic, and uninspired, even compared to the other compositions on the album. What a shame, what a shame not to close with All Life Is Evil! We are so close to a perfect album, from A to Z.
Conclusion
With Darkness Invisible, Mors Principium Est delivers a massive, dark album of rare intensity. While the whole sometimes borders on genius, carried by masterful compositions and flawless coherence, the conclusion (deluxe version) leaves a slightly bitter taste, preventing the work from rising to the rank of an absolute masterpiece. Nevertheless, it remains a rich ninth chapter, where rage and beauty intertwine to offer a remarkable album, tailor-made to leave a lasting mark on melodic death metal.
