STARSET – SILOS [FR/EN]

Le groupe américain STARSET annonçait courant l’été la sortie de son nouvel album : SILOS. Annonce qui n’a pas réellement surpris en vue des nombreux morceaux sortis depuis l’été 2024. Je dirais même qu’il s’agit ici d’un album qui s’est fait relativement attendre et pourtant, ça peut se comprendre, principalement après la déclaration du chanteur Dustin Bates qui avouait qu’à l’origine, SILOS devait être un EP et non un album entier.
Du coup, que vaut ce nouvel album ? CHAIRYOURSOUND révèle tout.

La première chose à savoir, c’est que sur cet album, presque toutes les chansons sont déjà connues.
Sur un total de 16 titres, dix chansons sont déjà sorties, le reste n’étant que deux nouvelles chansons et des interludes. L’album s’ouvre d’ailleurs par l’une d’entre elles, praesens, qui n’est pas nécessairement surprenante. Pour tout dire, c’est une habitude pour le groupe de nous plonger dans leur univers par le biais d’introductions, comme avec l’album précédent qui s’ouvrait aussi par un morceau entièrement instrumental, offrant une immersion complète dans l’univers du groupe. C’est crescendo, à tel point que cette introduction rappellerait presque une ouverture digne d’un concert où chaque membre fait son apparition sous les applaudissements.

La chanson suivante n’est autre que le second morceau sorti courant 2024, DEGENERATE. Immédiatement, on retrouve le STARSET plus heavy qui n’avait jamais été majoritaire dans les albums précédents. Cette chanson s’ancre davantage dans la réalité, et c’est d’ailleurs le cas de tout l’album. Ici, on parle de chaos, de destruction, d’une société qui s’effondre et, sur cet album, c’est un thème relativement récurrent. A l’origine, chaque chansons sorties n’avaient pas de réels rapport avec le lore actuel du groupe – puisque ça ne devait être qu’un EP. Seulement, entre les divers thèmes explorer au sein de cet album, les interludes retravaillées en détail par Dustin et le prochain livre prévu, ce nouvel opus s’inscrit probablement dans la continuité et offre une toute nouvelle perspective sur cette histoire.

Rappelons-le : l’histoire créée autour du groupe se basait sur l’arrivée de messagers venus du futur envoyés par la STARSET SOCIETY pour mettre en garde contre les dangers des technologies – un domaine que Dustin connaît particulièrement en vue de son passif en dehors du groupe. Le lore fut créé en 2014 et, en l’espace de dix ans, la technologie a fait plusieurs pas en avant et certaines choses dont ils nous “mettaient en garde” dans les anciens albums ont fini par devenir réalité. C’est presque légitime qu’un jour ils fassent des chansons qui s’ancrent plus dans la réalité plutôt que dans un futur dystopique. Au final, une question se pose : ne sommes-nous donc pas déjà dans ce fameux futur dystopique ? Pour tout dire, nous aurons probablement la réponse prochainement puisque le troisième livre est en cours.

D’ailleurs, petite parenthèse intéressante sur cette chanson : elle a été au centre d’une controverse relativement énorme en vue du visuel officiel (sorti avant le clip vidéo) puisque celui-ci semble avoir été fait à partir d’intelligence artificielle, créant ainsi une grosse polémique au sein des fans et des artistes. Seulement, le groupe a bel et bien confirmé qu’ils avaient engagé des graphistes pour donner naissance à celui-ci et n’ont pas hésité à “troller” ceux alimentant la controverse par le biais du clip TokSik. Le clip sorti quelques jours plus tard nous offre un rappel du clip vidéo de Monster et de l’identité de Vessels, liant ainsi indirectement les deux univers.

La chanson suivante n’est autre que SILOS, une des chansons sorties cette année, qui est du genre à s’inscrire dans les albums précédents. Balance parfaite entre une ballade et un morceau énergique, cette chanson est pleine de métaphores faisant facilement référence à ce qui semble être un conflit interne : le désir de se sortir d’une situation – relation ? – toxique, mais la difficulté à briser les schémas complexes qui rendent la tâche difficile. Véritable délice pour les oreilles, le clip est également truffé de références aux autres clips vidéos : les marionnettes de TokSik, le brouillard de Degenerate et autres.

L’interlude numéro deux débute, rise of messenger, qui permet une transition en délicatesse vers la première vraie ballade de l’album, dark things. Et le truc avec cette chanson, c’est qu’elle est pleine de références à d’anciennes chansons, une des phrases les plus évidentes étant la première phrase du refrain : “Mayday, we’ve been sinking here slowly”, parallèle facilement faisable avec la première phrase de la chanson My Demons, “mayday, mayday, the ship is slowly sinking”. De nombreuses autres références ont été remarquées par la fanbase sans jamais avoir été réellement confirmées. Je partage une de mes éternelles préférées : “Searching through the darkness below, for a light in seas of shadows”, provenant de Down with the Fallen, que l’on peut relier à la phrase “when you search the dark, you get dark things.” (NDLR : rien n’a été officiellement confirmé par le groupe à ce niveau-là mais je trouve le parallèle relativement intéressant.)

La chanson suivante est SHATTERED DREAMS, qui n’est autre qu’une cover du groupe Johnny Hates Jazz. Malgré le fait que ce soit une reprise, le groupe a totalement su l’adapter à son propre style et la rendre unique plutôt que de simplement la rendre un peu plus “heavy”. Dedans, on traite principalement du sujet de quelque chose qui se brise. À vrai dire, à l’origine, cette chanson parlait d’un divorce et non d’une simple fin de relation : quelque chose de gros, de lourd, qui impacte réellement la vie sur différents plans, pas seulement émotionnels. En vue de la route que prend STARSET, cette chanson semblait être un choix idéal et parfait pour être revisitée et s’inscrire dans leur univers.

L’interlude temple of milton résonne, et celle-ci avait été révélée sur les réseaux sociaux avant la sortie de l’album. Un lien Instagram liait directement vers le site qui permettait la vision de la planète PROX avec diverses vidéos sur celle-ci, une d’entre elles étant nommée éponymement. Au final, cela permet à l’album de s’inscrire dans la continuité de l’univers qui avait été créé, peut-être d’une manière complètement différente mais appartenant encore et toujours au même mythe créé de toutes pièces – et quelque chose me dit que STARSET n’a dévoilé qu’une petite partie de ce qu’ils ont totalement en tête face à cet univers.

La chanson suivante est BRAVE NEW WORLD, première chanson d’un grand nombre pour ces nouvelles sorties. Elle s’inscrit parfaitement dans la continuité du groupe et sortir celle-ci en priorité était peut-être légitime en vue de la manière dont elle découle logiquement de ce qui a été fait précédemment. D’ailleurs, cette chanson nous offre un des plus longs growls de Dustin faits jusqu’à présent et c’est un véritable plaisir pour les oreilles. Cette chanson représente la première de toutes les chansons de STARSET à contenir une “injure” mais elle fait aussi référence au roman d’Aldous Huxley, qui mettait lui-même en garde contre les avancées technologiques. Encore une fois, tout s’agence parfaitement, tout est logique. C’est comme si l’univers continuait de s’étendre à chaque chanson, chaque album.

Débute ensuite DYSTOPIA, chanson sortie juste après les élections présidentielles et qui continue de vibrer avec ce qui se déroule actuellement dans le monde – et s’inscrit toujours dans la suite logique de l’album. D’ailleurs, pour faire écho à l’univers du groupe, nous avons une petite référence à la chanson Something Wicked dans le bridge : “Lock your windows, close your doors and hide. Something wicked has come inside.” L’aspect très “épique” de cette chanson permet presque une immersion tout aussi intense, qui permet de hurler toute notre colère face à la situation critique et relativement anxiogène mondiale.

C’est une autre reprise que nous pouvons ensuite entendre : HEAD OVER HEELS. Écrite à l’origine par Tears for Fears, la présence de cette chanson est peut-être un véritable ovni en vue de sa signification. Head over heels parle d’un amour non réciproque, de quelqu’un qui tombe fou d’une personne mais cet amour n’est pas mutuel. Ma suspicion est qu’on en apprendra plus avec le prochain roman du groupe ! Musicalement parlant, il s’agit ici d’une ballade et le twist qu’apporte STARSET à cette chanson est relativement intéressant. Le genre où la voix de Dustin brille de par sa douceur.

Une vraie première surprise s’ensuit avec SWAY, la onzième chanson et surtout, le premier morceau encore inédit de l’album. Si une thématique revient énormément, parlant du chaos et de la situation actuelle du monde, SWAY nous offre quelque chose de bien plus léger. Comme un possible chant d’espoir, car au final, le monde continue de tourner et surtout, malgré un climat relativement anxiogène, c’est un appel à continuer d’avancer et de faire du mieux que nous pouvons. Chose intéressante : personnellement, cette chanson me donne vraiment envie de me balancer en rythme avec la musique.

Une autre interlude, the antihero’s journey, se fait entendre et offre définitivement une transition intéressante pour le morceau suivant, TOKSIK. Il s’agit là d’une de mes éternelles préférées de cet album, et ce depuis sa sortie en août 2024. Cette chanson est toujours une critique ouverte de ce monde, notamment de la manière dont les gens passent trop de temps sur des applications comme TikTok. Une application comme celle-ci peut très vite devenir toxique si on ne fait pas attention à son usage, que ce soit à cause de l’algorithme qui nous cible ou de la facilité d’accès à du contenu rapide pour “faire passer le temps”. Aujourd’hui, le monde est pollué et ça passe aussi par ce genre de contenu qui, malheureusement, tue aussi l’art et les esprits les plus affûtés. D’ailleurs, cette chanson étant sortie juste après DEGENERATE, le clip fait référence au backlash reçu à cause de cette histoire d’intelligence artificielle. Dustin a même avoué que l’équipe qui a travaillé sur le visuel de DEGENERATE était la même que celle qui avait travaillé sur le visuel de ce clip vidéo. (Sisi, il l’a dit au M&G de Toronto, j’y étais hehe)

Nous avons ensuite l’interlude at his altar, et la chose unique c’est qu’il s’agit du seul morceau de STARSET qui contient un autre vocaliste. Ici, nous avons la nouvelle voix du projet annexe de Dustin, MNQN, et elle mène doucement vers une nouvelle chanson inédite : AD ASTRA. La chose qui m’a presque immédiatement marquée avec celle-ci, c’est la manière dont elle se rapproche terriblement des premiers albums du groupe. Cette chanson aurait eu sa place sur un album comme TRANSMISSION ou VESSELS. Avec cette chanson, STARSET revient à ses racines et reprend notamment une thématique qui manquait énormément au sein de la fanbase : la thématique de l’espace. Nous étions nombreux à dire que, malgré l’amour pour les albums DIVISIONS et HORIZONS, cette thématique très centrée autour de l’espace et du cosmos manquait, et c’est un véritable plaisir de retrouver cet aspect-là.

Finalement, l’album se conclut avec requiem of the order, final qui se veut épique à ce nouvel album.

En conclusion ? L’appréhension de beaucoup était présente, principalement car ça sentait comme un album précipité. Pourtant, cette inquiétude, c’est sous-estimer le pouvoir du groupe : Dustin et sa troupe savent ce qu’ils font et trouvent le moyen d’offrir une continuité logique à l’album, de l’inscrire dans le lore déjà présent et nous offrent encore un BANGER. Cinq albums, et je continuerai de clamer haut et fort à quel point ce groupe est extra : ce sont des génies, littéralement, et si vous ne les connaissez toujours pas, mais qu’attendez-vous pour aller les écouter ? Se plonger dans l’univers de STARSET, c’est se plonger dans un space opéra et en ressortir changé à jamais. Je me souviendrai éternellement du jour où je les ai découverts et je continuerai d’être présente pour les soutenir et propager le message.

ENGLISH VERSION

This summer, the American band STARSET announced the release of their brand-new album: SILOS. An announcement that didn’t really come as a surprise, given how many singles had already been released since 2024. One could even say this album was long overdue. In fact, it almost didn’t exist as such: Dustin Bates himself had explained that SILOS was originally intended to be an EP.

So, what is this album really worth? CHAIRYOURSOUND takes a closer look.

From the very first listen, one thing stands out: the majority of the tracks aren’t new. Out of 16 songs, ten had already been released. The rest consists of two brand-new songs and several interludes. The record opens with praesens, an instrumental introduction — a familiar habit for STARSET. As in their previous albums, the intro is designed to immerse the listener into their universe. With its progressive build-up, it feels like the start of a live show, where each member would step onto the stage one after another, greeted by the crowd.

Next comes DEGENERATE, first released in 2024. Here, STARSET showcase a heavier side, something not always front and center in their earlier works. This track — and the album as a whole — focuses on very contemporary themes: chaos, destruction, societal collapse. It also signals a shift in the band’s lore: rather than simple continuity, it feels like the beginning of a new chapter, one that’s more about criticism of the present than futuristic mythology. Let’s remember that the band’s lore, first introduced in 2014, revolved around the STARSET SOCIETY, messengers from the future warning humanity about the dangers of technology — a field Dustin knows well. Ten years later, many of their warnings seem eerily accurate. Is it really surprising, then, that the band sings about today’s world instead of a distant dystopia? Perhaps we’re already living in it. This is a question that might find some answers in their upcoming third novel.

DEGENERATE also sparked controversy over its official artwork, accused of being AI-generated. STARSET later explained that they had collaborated with designers, then cheekily referenced the whole debate in the TokSik music video, which is filled with nods to Monster and the Vessels era, tying together multiple threads of their universe.

The title track SILOS follows — a song that could easily have fit into the band’s previous records. Blending intimate balladry with bursts of raw energy, it portrays the inner conflict of wanting to escape a toxic relationship while being trapped in deeply ingrained patterns. Musically, it’s a real highlight. Its music video also features callbacks to earlier visuals: the puppets from TokSik, the mist from Degenerate, and more.

The interlude rise of messenger leads into DARK THINGS, the first true ballad of the record. Fans quickly noticed that this track is packed with references to older songs. The refrain opens with “Mayday, we’ve been sinking here slowly”, which echoes My Demons and its line “mayday, mayday, the ship is slowly sinking.” Other parallels are just as striking: the lyric “Searching through the darkness below, for a light in seas of shadows” (taken from Down with the Fallen) recalls the phrase “when you search the dark, you get dark things.” These nods haven’t been officially confirmed by the band, but the connections are clear — making dark things a dense and layered track that resonates strongly with longtime listeners.

Then comes SHATTERED DREAMS, a cover of Johnny Hates Jazz. Far from being just a heavier remake, STARSET transform it into something entirely their own. The arrangement, atmosphere, and emotional delivery make the song fit seamlessly into their universe. The original lyrics — about the impact of divorce — carry a weight that feels perfectly aligned with the themes of loss, rupture, and transformation explored throughout this album.

The interlude temple of milton follows. It had been teased on social media with a dedicated Instagram link leading to a website about the planet PROX, including videos (one named exactly the same). This kind of multimedia narrative work has always been central to STARSET’s identity: expanding the music into a larger fictional world, while leaving fans curious about the missing pieces.

BRAVE NEW WORLD was the first major single of this cycle. It embodies STARSET’s DNA: heavy guitars, Dustin’s longest recorded growls, and a direct reference to Aldous Huxley’s novel, which warned about technology-driven dystopias. The song also contains the first-ever curse word officially used in a STARSET track — adding a raw, visceral layer to the delivery.

Released right after the U.S. presidential elections, DYSTOPIA carries the weight of political and social anger. The song feels like a cathartic outburst, epic in its scope, and includes lyrical nods to Something Wicked with “Lock your windows, close your doors and hide. Something wicked has come inside.”

Their cover of HEAD OVER HEELS (Tears for Fears) is another unexpected addition. The track explores unrequited love, the painful experience of falling for someone who doesn’t return those feelings. STARSET’s version leans into tenderness and vulnerability, with Dustin’s voice carrying an almost fragile emotion. This song might also play a role in the narrative elements expected in the band’s upcoming novel.

SWAY is the first truly brand-new song of the record. While much of SILOS focuses on chaos and collapse, this track is about resilience and hope. It’s uplifting, almost luminous, encouraging the listener to keep moving forward.

After the interlude the antihero’s journey comes TOKSIK, one of my favorites since its release in 2024. The track delivers a sharp critique of TikTok and the wider culture of algorithm-driven, short-form, attention-killing content. Its video directly references the controversy surrounding DEGENERATE’s visuals. Dustin himself admitted — during a meet & greet in Toronto, which I attended — that the same creative team worked on both.

The interlude at his altar is the only track featuring another voice: MNQN, Dustin’s side project, which adds a distinct timbre leading into AD ASTRA. This song feels like a callback to STARSET’s early days: its soaring, cosmic atmosphere would have perfectly fit on Transmissions or Vessels. A clear return to the space-themed roots that many fans had been missing.

Finally, requiem of the order closes the record with grandeur and solemnity — an epic finale worthy of STARSET’s cinematic identity.

Conclusion

Many feared this album might feel rushed, but SILOS proves the opposite. The narrative is consistent, the interludes enrich the lore, the musical direction balances familiarity with new energy. Five albums in, STARSET continue to expand their universe and solidify their status as one of the most unique bands of their generation. Geniuses, truly. If you don’t know them yet, what are you waiting for? Listening to STARSET is like entering a space opera you never really leave.

TRACKLIST :

01. praesens

02. DEGENERATE

03. SILOS

04. rise of messengers

05. DARK THINGS

06. SHATTERED DREAMS

07. temple of milton

08. BRAVE NEW WORLD

09. DYSTOPIA

10. HEAD OVER HEELS

11. SWAY

12. the antihero’s journey

13. TOKSIK

14. at his altar

15. AD ASTRA

16. requiem of the order

Masha
Masha
Ma mère m'a dit que je pouvais être c'que je voulais quand je serais grande. J'ai décidé d'être une emo kid.

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