Ce soir-là, Paris a eu droit à une tempête sonore et visuelle d’une rare intensité, portée par deux groupes aux antipodes : NINI, une découverte cosmopolite qui bouscule les conventions, et JILUKA, des bêtes de scène prêtes à écraser tout sur leur passage. Une soirée où l’expérimentation côtoie la maîtrise, et où chaque morceau est une invitation à l’extase auditive.
NINI – 20h-20h30 : La claque inattendue entre folk et scream
Difficile de prédire ce que va donner NINI lorsqu’ils montent sur scène. Le public, encore hésitant et peu nombreux, se laisse d’abord envoûter par la douce mélodie de la mandoline qui ouvre le set. Puis, comme un éclair dans la nuit, le groupe passe à l’offensive : un chant guttural déchirant, des riffs acérés, et cette fusion improbable d’instruments qui fait tanguer l’auditoire. L’entrée en matière est presque timide, mais rapidement, les choses prennent une toute autre tournure. Les morceaux s’enchaînent avec une fluidité rare, entre moments d’émotion pure et déflagrations sonores.
Le line-up, lui-même singulier, n’a rien de conventionnel : un batteur nerveux, un guitariste passionné, un chanteur qui balance ses screams à la perfection, et une chanteuse musicienne qui navigue entre douceurs et tempêtes. Mais c’est leur reprise totalement folle de Baby One More Time qui scelle leur statut d’incontournable. Interprétée à la sauce NINI, cette chanson devient métamorphosée, mais d’une efficacité brutale. Le set est court, mais l’impact est puissant. Pas de temps à perdre, NINI vous prend aux tripes et ne vous lâche plus.
JILUKA – 21h : Le rouleau compresseur du pays du soleil levant
Si NINI était la découverte étonnante de la soirée, JILUKA arrive comme la brutalité maîtrisée du line- up. Le groupe entame le show avec Savage, suivi de Venom, et là, impossible de ne pas se laisser emporter. Dès le premier riff, c’est une vague de décibels qui envahit la salle, portée par une batterie implacable et des guitares qui frappent comme des coups de poing. Deux morceaux qui marquent un tournant dans leurs styles.
Ce qui frappe chez JILUKA, c’est leur capacité à allier la violence du metal à une approche visuelle ultra-léchée. Chaque mouvement est fluide, réfléchi, chaque lumière parfaitement synchronisée avec l’énergie du groupe. Leurs anciens titres sont retravaillés pour l’occasion, adaptés à une esthétique plus moderne, tout en gardant cette brutalité pure qui a fait leur réputation. Le résultat est fascinant : on ressent à la fois la nostalgie des débuts et la promesse de leur récente évolution. Le morceau Kvlt, leur dernier single, est l’apogée du show. Une explosion de puissance, de férocité, et un final où le public, comme possédé, ressent chaque parole avec ferveur. Mais c’est incontestablement le solo de batterie de 4 minutes qui restera dans toutes les mémoires. L’intensité de la performance est telle qu’on a l’impression que le temps s’arrête. Un moment suspendu, presque hypnotique. À chaque fois que l’on pensait qu’il allait s’arrêter, il repartait encore. C’était viscéral, d’un autre niveau.
Et la salle ? Pas sold-out, mais l’ambiance est digne d’un show de grosse affiche. La fosse en mouvement constant, les slams se succèdent, l’énergie est palpable. JILUKA maîtrise son art et sait transformer chaque performance en un spectacle à la hauteur de sa réputation.
Conclusion :
Ce concert aura marqué les esprits. NINI, avec son mélange détonant de cultures et d’influences, aura bousculé les attentes du public et montré que l’expérimentation a sa place sur scène. De l’autre côté, JILUKA a prouvé une nouvelle fois qu’ils sont des maîtres de scène, capables de réinventer leur propre son tout en respectant les fondamentaux qui les ont rendus incontournables. Un équilibre parfait entre surprise et maîtrise, entre avant-garde et tradition. À revoir sans aucune hésitation. Et à revivre encore plus intensément.