Dans le cadre des Nuits Collectives organisées par Les Francofolies de La Rochelle, un plateau 100 % metalcore français est proposé à La Sirène.
Quatre des plus gros piliers de la scène : Landmvrks – Novelists – Resolve et TSS viennent mettre le feu lors d’une soirée à marquer d’une pierre blanche.
Gros son, pogos dégoulinants de sueur, circle pits et chaleur sont les maîtres-mots de ce mini-festival.
Mon binôme Mary (pour les photos) et moi-même vous partageons cette soirée.
TSS
Ce sont les Bordelais de TSS (ex-The Sunday Sadness) qui ont pour mission d’ouvrir ce plateau exceptionnel. Une formation emo, metalcore, néo, dark pop électro, accompagné d’un univers visuel ultra stylisé. Réticent au départ (les morceaux et les clips ne me convainquent pas forcément), et pourtant, j’assiste à un show déjà solide et ambitieux. L’esthétique travaillée, avec des textes en français et en anglais, tout ça prend une vraie profondeur en live.
TSS met l’accent sur l’ambiance et le son. Une intro électro atmosphérique surpuissante vient faire trembler la salle. Le son est massif… peut-être même trop. Ce détail gâche malheureusement certains morceaux : la batterie est trop en avant dans le mix, notamment les cymbales qui finissent par rendre le tout brouillon, voire « compressé ». Un détail qui devient vite problématique puisque ça couvre parfois les voix, au point de les rendre quasi inaudibles.
Pour la mise en scène, en fond, les trois lettres du logo TSS, éclairées par des lumières néon qui s’activent au rythme de la musique. La batterie est surélevée, et les autres membres disposent d’une estrade courant sur tout le devant de la scène, ce qui permet de profiter du spectacle même en étant placé loin. L’univers visuel est fort ! Une mise en scène dark/goth/manga ajoute un vrai plus à l’expérience (qu’un BMTH ne renierait pas). Chaque musicien arbore un style emo/goth/dark pop ni « too much » ni trop théâtral (ce que je redoutais au vu des clips). Ici, le dosage est parfait. Mention spéciale à Matthieu Kirby, qui porte un long manteau goth ultra stylé !
TSS joue un mélange de metalcore moderne, teinté d’arrangements électro et de parties chantées avec vocodeur, parfois un peu trop présent. Même pendant les (nombreuses) interventions du groupe au public, on continue de l’entendre. C’est dommage, car les voix sont maîtrisées et parfaitement complémentaires : Kirby oscille entre scream/growl, ainsi que chant clair fluide et cristallin (magnifiquement réussi), tandis que John complète avec un chant clair typé metalcore. Attention, l’effet est utilisé à bon escient dans la direction artistique du groupe, mais il est parfois un peu trop poussé.
On ressent une vraie sincérité dans la prestation. Le mélange de passages émotionnels, de puissance metalcore et de moments plus énervés rend le concert intense et accrocheur.
Comme dit précédemment, TSS n’est pas avare en interventions. Quasiment à chaque titre, les membres du groupe s’adressent au public, tantôt pour l’haranguer, tantôt pour lui demander de lever les bras en l’air. L’intention est bonne : créer un lien avec la foule. Mais l’effet devient presque risible à la moitié du set. Lever les bras en continu, pendant l’intégralité du show, finit par perdre en impact. Ça devient même ennuyeux. Mieux vaut réserver ce genre de moment à quelques passages clés, où l’intensité et l’ambiance s’y prêtent vraiment, pour ne pas diluer l’énergie et risquer de décrocher le public. On ne peut toutefois pas leur enlever ce désir sincère d’être proches de leur audience, et ce plaisir visible d’être sur scène, en contact direct avec les gens. Cette générosité, même un peu maladroite, reste appréciable.
TSS livre une prestation intense, sincère et visuellement marquante, malgré quelques maladresses de son ou de mise en scène.
Encore perfectible, mais déjà impressionnant, TSS trace sa route avec détermination.
Une formation à surveiller de près : la suite pourrait bien être explosive.
TSS ne laisse pas indifférent, et c’est exactement ce qui leur permettra de s’imposer encore davantage à l’avenir.
RESOLVE
Depuis 2016, les Lyonnais de Resolve s’imposent sur la scène metalcore avec un son mêlant puissance, mélodies accrocheuses et chant clair/scream émotionnel. Forts de leurs deux albums Between Me and the Machine (2021) puis Human (2023), Resolve voit son public grandir un peu plus à chaque date, en France comme à l’étranger.
Ce soir, le groupe livre un show aussi impressionnant qu’intense. Le public leur rend bien : la Sirène vibre au rythme du pit. Les musiciens offrent une prestation équilibrée, entre riffs massifs et moments mélodiques chargés d’émotion, portée par la voix d’Anthony Diliberto, qui délivre une performance de folie. Ses screams ultra puissants s’équilibrent avec justesse sur des parties claires, à fleur de peau.
Le charisme scénique du groupe est indiscutable : Antonin Carré, à la guitare, fait corps avec son instrument et balance des riffs et mélodies qui prennent aux tripes ; Robin Mariat, à la basse, reste sobre mais charismatique, avec une vraie classe ; à la batterie Nathan Mariat assure une rythmique sans faille ; et Anthony parcourt la scène de tous côtés, nouant un lien fort avec le public à travers des interactions enthousiastes et une sincérité palpable.
Ce concert de Resolve nous offre des moments d’émotion intense, mêlant violence brute, envolées mélodiques et prestations vocales de haut vol, rendant chaque titre marquant et viscéral. Ce soir, La Rochelle nous confirme que Resolve fait désormais partie des grands de la scène française : un groupe qui laisse déjà son empreinte.
En conclusion, Resolve prouve qu’au-delà du statut de simple espoir du metal français, ils sont désormais une valeur sûre qui ne cesse de monter.
Leur presta est un coup de poing émotionnel, mêlant rage et lumière avec une sensibilité qui marque.
À suivre de très près, et à voir de toute urgence.
NOVELISTS
Depuis ses débuts en 2013, Novelists s’impose comme l’une des futures têtes d’affiche du metalcore français. L’arrivée récente de Camille Contreras, au chant, marque un tournant dans leur parcours. Le groupe confirme leur volonté de repousser les limites de leur son avec CODA, leur dernier album, sorti en mai.
Soyons honnête d’entrée de jeu : je ne suis pas fan, à la base, de cette nouvelle version du groupe. Jusqu’ici, je n’avais pas eu l’occasion de voir une prestation avec Camille en frontwoman, c’est désormais chose faite.
Et après ce concert… mon avis change (un peu).
La représentation de Novelists est l’une des plus attendues de la soirée. La foule se presse, se compresse même, dans la Sirène. Le groupe entre en scène sous les cris et les applaudissements, encore plus nourris à l’arrivée de Camille. Première bonne surprise : le son est propre, net, bien équilibré.
Pierre Danel et Florestan Durand, à la guitare, sont très complices, autant entre eux qu’avec le public. Amael Durand, derrière les fûts, tient la rythmique avec une efficacité remarquable. Seul Nicolas Delestrade semble un peu plus en retrait, plus introverti, peut-être une fatigue passagère (après tout, ils sont humains), ou tout simplement une personnalité plus intérieure. J’ai eu plus de mal à m’attacher à lui sur scène, mais cela reste un ressenti personnel.
Quant à Camille, c’est une véritable boule d’énergie ! Elle ne s’arrête jamais : elle saute, danse, headbang, enchaîne scream, growl et chant clair de façons bluffante, toujours avec un sourire omniprésent. Sa joie d’être là, de donner, est palpable.
Un point m’a parfois un peu dérangé : certaines attitudes “girl band / queen attitude” à la Spice Girls, Britney, Beyoncé, etc… Ça ma sorti de la prestation à plusieurs reprises. C’est purement subjectif, et ça n’enlève rien à son engagement scénique ni à son implication au chant. D’autant plus que ce bémol est largement rattrapé par sa performance vocale : elle maîtrise le growl, le scream et le chant clair avec une facilité déconcertante. Ce qu’elle délivre techniquement est incontestable.
Le public, lui, ne se pose pas autant de questions : la salle est en feu. Pogos, circle pits, wall of death, un nombre impressionnant de slams à répétition… La Sirène explose. L’arrivée surprise de Flo de Landmvrks, sur un titre, déclenche une vague d’euphorie et rappelle le respect et la belle solidarité entre les groupes ce soir.
En conclusion, Novelists assume pleinement sa nouvelle ère et continue d’évoluer, sans compromis.
Le show est solide, intense, communicatif, servi par un excellent son.
Camille, bien que clivante pour certain·es, s’impose avec une énergie débordante et une technique vocale impressionnante.
Le public est conquis, l’ambiance survoltée du début à la fin.
Quand à moi ? Je me replongerais dans CODA… avec (peut-être) un regard un peu différent.
LANDMVRKS
Et pour conclure cette soirée en beauté, quoi de mieux que le groupe metalcore français qui casse tout sur son passage depuis quelques années : nos chouchous marseillais de Landmvrks !
Depuis quelque temps, Landmvrks se taille une place de premier ordre grâce à des albums d’une redoutable efficacité et originalité. Mêlant la puissance du hardcore, les chants du metalcore et la violence du death, ils nous pondent des titres devenus de véritables hymnes, d’ores et déjà cultes.
Ce soir, le nouvel album est exploré avec des titres comme Creature, Sulfur, A Line in the Dust pour les plus puissants, et pour les plus émotionnels Blood Red et Sombre 16. Le travail esthétique du show n’est pas mis de côté : les enceintes sont stylisées, aux couleurs du dernier album, se fondant avec les immenses toiles en fond de scène. Sur Sombre 16, on a même droit à une mise en scène originale où Flo exécute en direct un graffiti aux couleurs du “V”, leur logo emblématique. Un moment visuellement marquant et sympathique, même si l’interprétation du morceau s’en trouve sacrifiée au profit d’une diffusion en bande son seulement.
Mais la part belle revient à Lost in a Wave, en premier lieu avec son titre phare; mais aussi Rainfall, Visage, Say No Word et Death. On a même droit à un moment plus calme en introduction de Suffocate, où Flo interprète le morceau seul, en acoustique, avant d’être rejoint par les autres membres pour une seconde partie bien plus énervée. Dommage que le dernier album ne soit pas davantage mis en avant, car certains morceaux encore non joués (à ma connaissance) mériteraient largement de l’être en live; comme, par exemple, The Great Unknown, The Darkest Place I’ve Ever Been, ou la sublime La Valse du Temps.
Mais ne boudons pas notre plaisir, car comme tout le monde (ou presque) le sait, vivre un concert de Landmvrks nous laisse sans une once d’énergie… mais avec un énorme sourire aux lèvres !
Pendant un peu plus d’une heure, le groupe donne tout, et nous les suivons dans cette démarche. Tout le groupe est impliqué à 150 % ! Ce sont de véritables machines :
Nicolas Exposito et Paul Cordebard, aux guitares, sont d’une efficacité redoutable, et leurs chœurs apportent un vrai plus aux morceaux.
Rudy Purkart balance une puissance incroyable avec sa basse.
Kévin D’Agostino maintient le cœur rythmique avec brio et technicité, renforcé par une présence charismatique.
Et bien sûr, Flo Salfati, l’élément central de Landmvrks, nous emporte et nous impressionne avec ses différentes techniques de chant, parfaitement maîtrisées. On reste toujours ébahis par ses envolées en chant clair, qui nous touchent en plein cœur, et ses growls profonds venus d’un autre univers.
Ce show, ce n’est pas un simple concert : c’est un marathon ! Le public est déchaîné, alternant walls of death, circle pits, vagues inarrêtables de slammeurs et un pit qui ne s’arrête jamais, jusqu’à la fin du set. On note également la venue, en guest, du guitariste de Novelists et du chanteur de Resolve sur Self-Made Black Hole, qui font réagir encore plus vigoureusement le public.
Landmvrks confirme, une fois de plus, qu’il est l’un des groupes les plus percutants de la scène metalcore française. Entre puissance, précision et émotions, leur show est un condensé d’intensité pure. Malgré un public un peu trop à l’étroit, l’énergie déployée, sur scène et dans la fosse, reste inégalable. Un final explosif pour une soirée qui restera gravée dans les corps… et dans les cœurs.
CONCLUSION
Quoi de mieux comme conclusion à cette soirée de célébration du metalcore français ?
Peut-être une jauge légèrement revue à la baisse… Car si la soirée est complète, on sent que les murs ne peuvent pas être poussés. Une sensation de trop-plein se fait ressentir, notamment lors des walls of death ou circle pits, on est littéralement compressés, comme des sardines en boîte. C’est évidemment une excellente nouvelle que la soirée affiche complet, mais parfois, il vaut mieux réduire la fréquentation pour garantir la sécurité et le confort du public.
Second point à souligner : si un pit photo est mis à disposition, il semble assez surréaliste que l’on n’y autorise pas l’accès… Une décision incompréhensible dont nous ne comprenons toujours pas la raison.
Ceci étant dit, tout le reste était absolument parfait.
Des plateaux comme celui-ci, on en redemande encore et encore !