Interview – Samir Remila – Arkan

Pou la sortie du 5ème album « Lila’h », Victor a pu s’entretenir avec Samir Remila, bassiste de Arkan.

Chairyoursound: Bonjour Samir, pourrais-tu commencer par présenter le groupe?

Samir: Nous sommes le groupe Arkan, un groupe de death metal avec des sonorités orientales maghrébines. On existe depuis 2005. C’est un groupe qui a été créé par Foued, le batteur. Créant un concept dans le groupe de metal mais avec ces sonorités là, avec quelques musiciens qui pouvaient apporter cette mélodie là. Donc en 2005 Arkan a été créé. On a vite commencé à composer un album puis par des petits concerts, etc. On a commencé à écrire le premier album « Hilal » qui est sorti juste après et ensuite on a continué avec « Salam », « Sofia », « Kelem » et maintenant « Lila’h ».

Chairyoursound: Du coup, votre cinquième album sort, quelle vision as-tu de l’évolution du groupe?.

Samir: Pour l’évolution, Arkan, à chaque fois, on essaie de faire un concept album. On parle d’histoires, de tranches de vie. En 15 ans, on a raconté des petites histoires. Et pour celui ci, pour cet album là, le concept, c’était autour de ce qui s’est passé en Algérie durant les années 90. Donc, c’était Florent et Manu ont eu cette idée là par des petites anecdotes qu’on racontait quand on était ensemble avec eux. Ils nous disaient « ça serait peut être bien de retranscrire ça sur un album ». Donc voilà, c’est là qu’est partie l’idée.

Chairyoursound: Comment vous avez créé tout l’album sur ce thème?

Samir: En gros, voilà. Ce que je disais, c’est que on voyait en mode en mode interview avec les gars du groupe, avec surtout les compositeurs et paroliers comme Florent et Manu, et ils nous disaient « Allez y commencer, racontez nous vos histoires ». Des petites anecdotes, des choses assez trash, des fois, etc. Donc nous, on était en mode, on racontait, on a raconté pas mal de choses. Ils en ont tiré les histoires qui composent l’album. D’accord.

Chairyoursound: Comment s’est passé le travail d’enregistrement? Vous avez travaillé avec Frédéric Nordström.

Samir: Oui! C’est le quatrième qu’on enregistre chez lui. Le premier c’était « Hilal ». On était comme des gamins devant le grand maître. C’est un gars qui est très, très exigeant. Donc, on sait comment il bosse. Il sait comment on est aussi. Il connaît notre sérieux. On avait besoin effectivement d’une très grosse production pour cet album, pour faire ressortir toute l’intensité qu’on voulait dans les instruments. Pour le coup, pour nous c’était logique de repartir chez lui, mais on se disait c’est un gars qui est très sérieux, qui sait nous dire où aller pour faire quelque chose de bien.

Chairyoursound: Vous parlez donc sur cet album de la guerre civile Algérienne des années 90. Qu’est ce que vous avez ressenti à aller rechercher ses anecdotes personnelles et retrouver cette période là?

Samir: J’avoue qu’on se voit souvent avec d’autres amis qui ont grandi là bas et qui sont ici. On fait ressortir des fois des anecdotes vécues. Mais c’est vrai que lors des soirées où Manu et Florent étaient là pour nous écouter à raconter des histoires, c’était vraiment concentré pendant trois, quatre heures on faisait que parler de ça. Oui, il y avait des souvenirs un peu grave qui remontait à la surface, etc. Après? Bon, voilà, c’est comme une psychothérapie aussi de pouvoir en parler. Ca fait aussi partager les choses. Et on voit aussi que le point de vue des autres, quand on raconte pour nous des choses qui étaient entre guillemets, normal parce que pour nous c’était la normalité de vivre ça. On était adolescent, on a grandi et on a vécu ça. Mais c’est vrai que le regard des autres, nos potes là dessus, que ça soit Manu, Flo ou Foued, ils étaient interloqués, choqués d’écouter ce type d’histoires.

Chairyoursound: Vous parlez d’une période que, nous en France nous ne connaissons pas forcément très bien, voire pas du tout.

Samir: C’est ça l’idée est de retranscrire cette tranche de vie musicalement, Et aussi de partager la musique pour partager des messages. On a toujours fait ça dans nos albums. C’était aussi une manière pour nous de poser ça sur une galette. Voilà ce que nous, on a vécu. On n’est pas en mode documentaire. On n’était pas là en mode: « Voilà ce qui s’est passé ». Ni politique ni quoi que ce soit. C’était vraiment le regard de deux gamins qui ont vécu ça.

Chairyoursound: Vous parlez de toute cette période avec force mais vous terminez l’album par le morceau « Resilience ». C’est ce que vous avez voulu véhiculé avec cet album?

Samir: Tout à fait. Parce que il y a la résilience, il y a aussi la résistance. Il y a aussi de l’espoir dans tout ça, donc il faut garder la tête sur les épaules. On voit ce qui se passe actuellement. Il faut savoir que l’album on l’avait enregistré et finalisé avant les derniers événements qui se passent actuellement en Algérie. Donc, finalement, oui, on parlait d’espoir et oui il y a un espoir qui est né dans le sens où il y a cette jeunesse qui est avide de liberté, avide de s’exprimer en toute liberté. C’était important pour nous et finalement, c’est ce qui s’est passé, c’est ce qui se passe.

Chairyoursound: Est ce que des instruments orientaux, moins communs dans le métal entrent dans la composition de vos titres?

Samir: Ben oui, tout à fait. Mus sait jouer effectivement de la mandole, de la darbouka, des instruments de ce type. On n’utilise pas toute la palette, toute la panoplie des instruments traditionnels. De toute façon même nous ne savons pas faire. Mais on retranscrit également sur des sons, sur nos instruments, que ce soit sur des guitares acoustiques ou une guitare électrique, ou même sur de la basse. Cette sonorité là, avec des gammes de maghrébinnes, des gammes orientales, etc.

Chairyoursound: D’accord! Quand vous avez crée l’album, vous y avez ajouté certains morceaux qui sont plus comme des interludes mais qui joignent les morceaux les uns aux autres.

Samir: Les albums d’Arkan si tu écoutes les anciens de « Hilal » jusqu’à « Lila’h », c’est vraiment un concept. C’est comme si on prenait une seule chanson de 50 minutes ou à des respirations à des moments où il y a un peu plus d’impact, des baisses de rythme. Après, c’est une histoire et une histoire n’est jamais linéaire. Elle fluctue, donc elle fluctue d’après ce que tu racontes. Et là, pour le coup, c’est exactement ce qu’ont réussi à retranscrire Manu et Florent au niveau du chant. Mais même voilà toute la partie rythmique batterie, basse et guitare. On essaie de se coller aussi au chant. Quand effectivement, il y a quelque chose qui parle de violence, de quelque chose qui est agressif, Florent va prendre le temps, va prendre les rênes et par la suite, on va retrouver des moments un peu plus aériens, un peu plus poétiques puis Manu qui va reprendre effectivement le chant pour exprimer autre chose.

Chairyoursound: On sent vraiment sur l’album que vous vouliez montrer que même si cette période était difficile, il y avait toujours une note d’espoir.

Samir: C’était une période difficile, mais en même temps, comme je le disais, bon, nous voilà, on s’en sort bien. Premièrement, on n’a pas été touchés dans notre chair. On n’a pas été blessé. Nos parents non plus, nos très proches parents non plus. Mais oui, il y a des amis qui ont perdu leurs parents ou des amis qui ont perdu frères, soeurs, etc. On en connaît. Il y avait quand même des moments d’espoir. Ce qu’on disait sur « Black Decade », c’est un peu le conflit de générations. Moi gamin, je veux sortir, bouger, je veux faire des choses. Et les parents qui sont là « non mon fils pour rester à la maison, c’est dangereux. Tu peux te faire tuer. » Tu vois. Donc, on a quand même vécu notre adolescence. On a bougé. On est sorti. On faisait de la musique après un peu plus âgé. A la fac on avait notre groupe de métal sur place, on faisait des concerts, etc. Mine de rien, on a eu cette chance. On est quand même des privilégiés d’avoir vécu cette vie là de cette façon là.

Chairyoursound: Est ce que vous avez des projets? Alors je dis 2021 en étant positif. Est ce que vous avez des choses prévues pour la suite?

Samir: J’aurais bien voulu te dire oui. Donc déjà sortir l’album qu’il ait effectivement un accueil favorable. Jusqu’à présent, ça se passe plutôt bien. Mais par la suite c’est vrai que oui, on aimerait les défendre sur scène. Mais déjà bon, dire habituellement, c’est déjà compliqué. Mais là d’autant plus, on n’a aucune visibilité. Quand tu vois que les gros festivals savent même pas comment ça va se continuer, ça va se finir, etc. 2021, c’est très hypothétique pour le moment. C’est compliqué.On espère. Par contre, on s’accroche encore, on s’accroche.

Chairyoursound: Il faut trouver d’autres façons de dire que l’album est là?

Samir: Et c’est ce qu’on essaye de faire. Sauf qu’à un certain moment, un groupe, c’est quoi? Un groupe c’est les concerts aussi. Nous, on a beaucoup d’émotions dans notre musique. On veut la partager avec les gens qui sont là, qui nous écoutent. On en parlait. J’ai eu des questions sur les lives en stream, etc. Oui, ça permet d’avoir une visibilité, mais ça ne m’a même pas le même impact. Tu descends pas de scène pour aller voir des gens qui viennent discuter avec toi, Personne va dire « tiens, ça ça m’a touché. » ou « Tiens, c’était bien! » L’essentiel, c’est ce contact humain n’existe pas. Et c’est ça qui est important finalement dans la musique. Les gens.

Chairyoursound: Est ce que pendant la période de confinement, est-ce que vous avez eu des mots, des choses qui vous ont interpellé en termes culturels?

Samir: Alors déjà l’album avait été finalisé avant le confinement. On adore écouter de nouveaux albums, mais pas forcément que dans le metal. Un peu de tout. Donc, on est ouvert à tout. Et c’est vrai que la période du confinement a permis à tout le monde de se faire ces petites vidéo, de montrer ce qu’il savait faire. On voit ça sur YouTube, sur Facebook, etc. C’était plutôt sympa. Il y a eu une autre façon de commuiquer. Comme on avait plus de concerts, il y avait ça. On faisait avec ce qu’on avait, avec les moyens du bord.

Chairyoursound: Est ce que vous avez des projets de nouveaux clips?

Samir: On a déjà sorti trois vidéos sur cet album là, mais effectivement, on a un projet de clip, mais pour le moment, c’est un peu en stand-by. Mais ça devrait le faire.

Chairyoursound: Merci beaucoup de tes réponses!

Samir: Ben écoute merci à toi!

 

Merci à Samir pour sa disponibilité et son accueil, à Roger et Replica Promotion pour l’opportunité et merci au Hard Rock Café pour l’accueil.

 

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