Destinity : interview avec Sebastien (guitare)

A l’occasion de la sortie du nouvel album de Destinity, In Continuum, Mary et Anaïs ont pu rencontrer Sebastien (guitare) pour parler création, composition et production. Ce nouvel opus sera disponible le 15 octobre, via Crimson Production.

Est-ce que tu peux nous présenter Destinity ?

Destinity c’est un groupe de Death mélo. On existe depuis 1996, donc ça fait 25 ans cette année. Les membres fondateurs sont : Mick Caesare le chanteur, le batteur Florent Barboni et son frère jumeau Stéphane Barboni à la guitare. C’est les trois qui étaient là depuis le début et qui sont encore là. Moi, j’ai rejoint le groupe, il y a onze ans. On a sept albums maintenant et on est en train de présenter notre nouvel album donc -nom de l’album- après quelques années d’absence et on est très content d’être là pour pouvoir le faire écouter.

Après autant d’année de carrière, vous avez toujours des choses à dire, à proposer, une inspiration qui vient ?

Le groupe a beaucoup évolué. Si on reprend la base du groupe, en 1996, c’était beaucoup plus axé sur le black sympho, donc rien à voir, sur deux trois albums. Après, très vite, le style s’est orienté sur tout ce qui est Death mélo, tout ce qui était vague scandinave à l’époque. On est resté sur cette lignée là mais d’albums en albums, on a toujours évolué musicalement. Il y a toujours des éléments qu’on arrivait à rajouter, par exemple Synthetic Existence, en 2005, qui est beaucoup plus Thrash / Death on va dire. L’album d’après, The Inside, a aussi une empreinte assez Thrash mais c’était un peu plus posé. Après on a évolué, on a toujours quelque chose d’un peu différent à présenter et ça vient avec l’influence du moment, avec les choses qu’on écoute.

Mais vis-à-vis du public vous arrivez à garder une certaine identité ? Le public vous suit ? Ou cela fait partit de votre identité de changer régulièrement et ils sont d’accord ? Comment ça se passe ? Vous n’avez pas peur qu’en suivant vos envies, vous perdiez votre public?

Il y a un vrai virage du passage black au passage Death mélo et c’est normal, car c’est pas du tout le même public. Mais une fois qu’on a fait ce virage-là, il n’y a pas vraiment eu de changement de style, il y a eu des influences en fait qui ont changé, une atmosphère dans les albums qui était différents mais c’était pas un changement de style complet. On essaye toujours d’apporter quelque chose de frais, de nouveau dans chaque album. On est des humains donc forcément on évolue, on n’écoute pas toujours les mêmes choses et ça se ressent dans la façon qu’on compose.

Du coup, vous allez sortir votre nouvel album, In Continuum le 15 octobre. En écoutant le dernier single (nom du truc), j’ai trouvé qu’il y avait un côté très In Flames, les premiers In Flames. C’est une influence que vous avez tous dans le groupe ? Ou ce genre de groupe dans la scène old school ?

Les vieux In Flames, les Dark Tranquillity même les nouveaux. On est souvent comparé à Amon Amarth, pas forcément comme influence. Toute la vague de Death mélo scandinave ça a été notre inspiration principale on va dire donc forcément on va retrouver des influences c’est sûr. Après on essaye toujours de mettre notre patte dedans mais pour la base, on est proche de ce son-là, c’est le son qu’on essaye de rechercher.

Comment avez-vous composé ce dernier album ?

On l’a composé en profitant du covid forcément, faut le rentabiliser. On a commencé courant deuxième moitié de 2019 et ça s’est passé plutôt vite. En un an environ, on avait tout plié. On compose de façon assez rapide car on est quatre compositeurs sur cinq membres, ce qui fait que chacun apporte ses idées, que ce soit une chanson complète ou un riff par-ci, par-là qui est complété par un autre. Chacun apporte son grain de sel à chaque chanson pour qu’elle soit la meilleure possible. Ça a été un process de composition, qui a été assez rapide et sans pression, assez naturelle. On s’est retrouvé à composer des trucs dans la lignée de notre album d’avant, tout en ayant un petit truc différent. Tous les passages un peu ambiants, les passages calmes, les orchestrations, les trucs comme ça c’est quelque chose de nouveaux qu’on a intégré dans notre son. Sans forcer, ça s’est fait naturellement, c’était assez surprenant finalement.

La période covid, ça n’a pas été trop compliqué au niveau composition ?

On a la chance d’habituer tous dans la même ville, on est tous de Lyon. On pouvait encore répéter donc on se voyait encore, pas forcément régulièrement mais de temps en temps. Il y a eu un impact sur les concerts car beaucoup ont été annulé ou reporté mais niveau composition, au contraire, cela nous a beaucoup aidé. On a tout enregistré à la maison, toutes les prises, les guitares / basse et chant, tout a été fait en home studio. On a fait ça durant la deuxième moitié de 2020, on a commencé en été et on a fini en fin d’année. Grâce à ça, on a pu peaufiner le truc à fond, revoir certains passages, refaire des tests, etc. Donc oui, on a profité du covid pour ça, comme, je pense, beaucoup d’artistes.

Quels sont les thèmes abordés dans cet album, niveau des textes principalement ?

Le thème principal c’est le temps. C’est vaste mais en gros, on a fait un break dans le groupe qui a été assez long, de 2013 à 2019 et ça a forcément marqué. Du coup, il y a une réflexion sur le temps-là, qui passe. Une réflexion sur les gens qu’on a perdu mais aussi une réflexion sur qu’est ce qu’on fait du temps qui nous reste ? Ce thème-là est vraiment le fil rouge de tout l’album et il est lié au titre de l’album également qui suggère ces mêmes idées. On est en continuité musicale avec l’album d’avant, tout en apportant une petite touche nouvelle. On est en continuité car le groupe revient et aussi parce que maintenant, on regarde l’avenir, les opportunités de concerts, des albums, on va continuer à faire le truc à fond, etc. C’est un peu en réponse à qu’est ce qu’on va faire du temps qui nous reste, on va faire vivre cette aventure à fond, donner tout ce qu’on a.

L’album sort après une période assez compliquée pour tout ce qui concerne l’industrie de la musique, comment vous appréhendez cette sortie ?

Bien. On est indépendant maintenant, on sort sous le label Crimson Production qui est le label de Mick notre chanteur. Sur les albums précédents, on était chez Lifeforce Records (un label allemand) ça se passait bien à l’époque. On avait un contrat de trois albums et avec le dernier album en 2012 on a soldé le dernier album à produire. On était libre de droit et pour celui-ci, on s’est posé la question : est-ce qu’on passe par un label classique ou si on fait ça nous même ? Mick qui est déjà dans le business de la musique, il connait les gens qui faut, il sait comment ça fonctionne et il s’est sentit de le faire et il a lancé sa structure. Donc on fait tout en indépendant, même les clips, tout. On s’auto-finance mais ce qu’on gagne c’est le contrôle sur ce qu’on fait, sur les retours aussi comme les ventes d’albums, de vinyles, les choses comme ça. On a une vraie vision de ce qui se passe et on peut choisir. On est libre de choisir notre direction artistique car on n’a pas de contraintes non plus. C’était le moment de le faire et on n’est pas les premiers à le faire. Pleins de groupes on en eu marre des gros labels et des contrats à leur défaveur même financièrement. On avait vu l’exemple de certains groupes qui n’était pas forcément des gros groupes, qui ont signés sur des très gros label et qui se disent que c’est bon, tout est fait, qu’ils vont devenir des stars mais malheureusement un gros label pour un petit groupe va mettre qu’un petit effort. Finalement le groupe n’est pas aussi bien travaillé et je ne parle pas en terme de ce que vaux le groupe mais le label n’a pas envie d’investir le temps et l’argent dedans pour que ça se développe encore d’avantage. Ce qui est assez dommage et quelque part, la démarque que l’on fait, c’est qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Avec les moyens actuels, que ce soit Spotify ou les réseaux sociaux etc, t’as déjà accès à une grosse partie du business qui est maintenant assez simple à faire pour chaque personne et finalement c’est ce que les fans demandent aussi, d’être en interaction direct avec les artistes qu’ils écoutent. Donc voilà, c’était le moment de le faire, on le teste comme ça et on verra comment ça se passe. Pour l’instant, ça se passe plutôt bien.

Après les années de carrières qu’a Destinity au compteur, avez-vous encore des rêves ? De collaboration ? Des tournées avec des groupes en particulier ?

Oui, toujours. Sur l’album, on arrive à collaborer avec les tournées qu’on fait, les gens qu’on rencontre sur la route. On arrive à collaborer avec des gens qui sont super talentueux. Donc voilà, on arrive à collaborer avec des gens qu’on rencontre au fur et à mesure, ce qui est super. Après, je pense qu’il n’y a pas de limite à ça. Si un jour, on arriverait à jouer les orchestrations qu’on a sur l’album, avec un vrai orchestre, comme on fait Septicflesh, Dimmu Borgir, là on serait sur le cul, mais ça c’est très loin, même si ça peut aller très loin ce genre de truc. Pour les collaborations, ce sont des rencontres sur un festival, un super groupe que t’adore, d’un coup tu commences à parler avec une personne du groupe, tu sympathises et tout puis ça peut amener à des supers bonnes surprises. On est dans le monde du metal qui reste quand même un petit monde, même internationalement et la plupart des gens sont plutôt cool. Ça permet d’approcher pleins de gens et de ne pas être traité de haut par untel ou untel.

Surtout quand on voit les années de Destinity. Puis quand on voit que Mick était dans No Return, qui a une grosse réputation, je pense que faire un featuring c’est assez facile en soit, même avec un chanteur, car No Return ça reste quand même quelque chose de gros et de qualitatif dans tous les cas. Maintenant que Destinity est associé à Mick, je sais que je connaissais le groupe par rapport à lui.

Tout ça c’est un petit monde. C’est toujours bien de traiter les choses comme ça, de façon naturelle, sans trop les forcer, ça les rends d’autant plus authentique. Sur l’album précédent, on avait un featuring de A Scent of Scorn avec Loudblast. On avait tourné avec eux et on avait vraiment sympathisé avec, c’était comme des frères. C’était génial. Du coup, on lui a dit, tu ne veux pas faire un titre avec nous ? Et il nous a dit qu’il n’y avait pas de problème, qu’il le faisait direct. C’est comme ça que ça doit se passer finalement.

Anaïs : Le peu de groupe qui ont une grosse tête comme ça, ils sont tout de suite fiché et ça met tout de suite l’ambiance. Ca sert à rien d’être chacun dans son coin, c’est utopique mais c’est une grande famille.

Mary : Après le metal français, le milieu est tellement petit, c’est comme ça que je le vois à mon échelle et que les plus gros qui se détache du lot, ils se connaissent tous et travaillent tous ensemble.

Ils se sont au moins croisés sur une date, c’est sur et certain. Tu bosses avec des gens qui ont eu l’occasion de bosser avec untel et untel, ça va vite.

Comment vois-tu l’évolution du groupe depuis que tu es arrivé par rapport au début ? Et ton évolution personnelle en tant que musicien ?

Comment je vois l’évolution du groupe ? La pause a été plutôt bénéfique pour nous tous. On a continué à composer, à faire des choses musicalement. Je pense que c’est grâce à ça qu’on est rapidement arrivé au moment de la composition de l’album In Continuum. On avait accumulé tellement d’idées, c’était beaucoup plus facile de tout sortir à ce moment là. Je pense qu’avec le temps, on a évolué en tant que musicien et en tant que compositeur. On fait des choses beaucoup plus détaillées, abouties, je pense que c’est vraiment le mot clé que l’on peut mettre en avant sur cet album. On arrive à créer des ambiances dans les chansons, à avoir un côté vraiment varié avec du relief dans chaque chanson, même si elles sont un peu longues quelque fois. Ce qu’on essaye de faire c’est d’amener plusieurs types d’émotions, de sentiments dedans. Tu peux avoir des passages super brutaux avec du blast qui balance à fond et après un breakdown, un pont qui est très aérien, avec des guitares clean, de l’orchestration, des choses comme ça. On ne se donne pas trop de limites et je trouve que sur cet album-là, on est arrivé vraiment à trouver un bon équilibre de tout dans les chansons. C’est quelque chose qui est possible car on a grandi en tant que musicien. On aurait dit ça y a dix ans, quinze ans, c’était plutôt : non joue le a 10 bmp de plus et fait que de l’accord. Un truc bête et méchant, mais il y a besoin de ça aussi car on aime bien ce genre de musique. Mais arriver à le mélanger de façon intelligente, si tu fais un album entier comme ça, y en a qui gueule et ça va lasser. Alors que si tu le mets au bon moment, avec le bon passage avant et après, c’est beaucoup plus efficace et ça j’en parle avec l’expérience pour composer.
Niveau personnel aussi, avec ces dernières années, au niveau solo j’ai beaucoup bossé dessus pour le dernier album et j’ai trouvé un bon équilibre avec ce que j’aime faire en tant que guitariste, le style de solo que j’arrive à faire. Je suis assez content de ce qui est ressortit là. Toute la partie orchestration, c’était aussi nouveau pour moi. L’album d’avant on l’avait confié à Pierre LePape, qui nous avait fait un super boulot et pour cet album là, on voulait toujours garder cette partie orchestration car ça fait depuis les années black sympho qu’on fait ça. Ça faisait quelques années que je bossais sur les samples d’orchestration tout ça et je me suis dit que je me sentais bien de le faire et donc, j’ai fait les arrangements sur cet album. C’était un challenge, ça m’a vraiment fait grandir en tant que musicien.

Vos projets pour cette fin 2021 et 2022 ?

On a la release party le 15 octobre. On sera au Lezardo Festival le 19 novembre, avec Dagoba, Loudblast. On a une date en Allemagne, le jour d’après. On a des dates en janvier et surtout une grosse tournée européenne pour l’automne prochain. Pas en tête d’affiche, on prendra plus gros que nous. Après pour les tournées européenne, on essaye de viser les grosses salles, on essaye de faire découvrir notre musique à un public plus large, donc c’est bien d’avoir une grosse d’affiche, comme ça on arrive à présenter notre musique à d’autre public. Beaucoup de groupes on réussis à grandir comme ça. Il faut arriver à trouver une bonne tête d’affiche qui tiens la route, qui a le même public que ta cible forcément. C’est comme ça que tu touches un public plus large. Donc pas mal de projets pour les prochains mois.

Qu’est ce qu’il y a comme artistes ou groupes dans ta playlist actuelle ?

Dur. Il y en a beaucoup. C’est assez varié, c’est ça le problème. J’écoute beaucoup de guitare instrumentale, c’est mon côté geek de la guitare. J’ai écouté le dernier album de Marty Friedman, Kiko Loureiro Le dernier qu’il a fait est vraiment bien. Le dernier Animal as leader, je suis assez prog. J’ai beaucoup aimé le dernier August Burns Red aussi.

Quelle est la chanson qui t’a fais commencer la guitare ?

Smells Like Teen Spirit de Nirvana. Je devais avoir 8 ou 9 ans et ça passait à la radio encore.

Un petit message pour le public de Destinity ?

Écoutez l’album, qui sort bientôt. On espère que tout le monde l’appréciera, tout autant qu’on a aimer à le composer parce qu’on a vraiment tout donné ce qu’on avait, on l’a fait sans pression et sans prétention, dans le sens où on a fait vraiment comme l’inspiration nous venait et comme on a l’habitude de faire. On est super contents de pouvoir prochainement le présenter sur scène et de voir toutes les personnes qui vont aimer l’album et venir nous voir. Ça va nous faire très très plaisir de les retrouver sur scène et de pogoter, slamer, tout ça parce que ça manque.

Gloomy
Gloomy
Passionnée par le poulet curry, la pizza et de temps en temps la musique.

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